Cela déjà fait plus de 25 ans que les Aumôniers du travail de Boussu ont organisé leurs classes du premier degré différencié en ateliers. Mais c’est seulement à la rentrée de septembre 2017 qu’ils ont étendu cette pratique à l’ensemble du 1er degré.
La classe atelier(s) – avec un « s » à ateliers – se différencie d’une classe « normale » sur quatre points essentiels.
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Sur le plan spatial, tout d’abord : la classe est un très grand espace subdivisé en ateliers : y sont agencés notamment une bibliothèque, un coin vidéo, un coin l'informatique, un espace jeux de société, un atelier pour les cours d'éducation par la technologie, un espace autour d’un tableau interactif, une cuisine équipée et des coins classes plus classiques.
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Dans ce grand espace cohabitent l’équivalent de plusieurs classes classiques… et plusieurs professeurs. C’est ainsi qu’en 2016-2017, une équipe de 12 enseignants s’occupait d’un groupe de 45 élèves. Ces enseignants doivent dès lors se coordonner et être plus souvent en classe, de manière à assurer la présence permanente d’environ cinq enseignants pour 45 élèves.
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Les élèves travaillent par modules. Tous les quinze jours, ils reçoivent un plan de travail personnalisé en fonction des évaluations antérieures. Ils doivent l’accomplir dans la quinzaine. Mais chaque matin, c’est à eux de décider ce qu’ils vont faire et auprès de quels enseignants ils vont aller, en fonction de la matière ou des affinités. Ainsi choisissent-ils leurs modules en tentant de concilier leur programme et leurs envies, et en n’étant pas astreints à rester nécessairement 50’ sur une matière. « Mais attention, souligne Oliver Vercauteren, professeur de mathématiques, dans La Libre, nous suivons nos jeunes de manière très précise ». A la fin de la quinzaine, « ils évaluent leur propre travail, avant que l'enseignant évalue à son tour leur avancement et le fait qu'ils aient progressé dans toutes les matières. Au début, c'est souvent la cata et ils se rendent compte qu'ils se sont mal organisés. Mais ils prennent vite le pli et finissent par gagner en maturité."
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La pédagogie par projet est une autre composante de la classe atelier(s). C’est ainsi qu’un groupe d’élèves de la classe atelier(s) a participé en 2017 au Crazy machine challenge dont l'objectif était de créer la machine la plus extraordinaire possible utilisant une réaction en chaîne et animant en bout de course le Manneken Pis (voir le clip d’annonce très enlevé, et l’article de La Libre ci-dessous).
Cerise sur le gâteau, des conseils d’élèves se tiennent chaque semaine.
Cette pédagogie était au départ destinée aux élèves qui n’avaient pas obtenu leur CEB en fin d’école primaire : des élèves qu’il fallait remobiliser, à qui il fallait rendre confiance, qui devaient gagner en autonomie et tout simplement retrouver l’envie d’apprendre. En ouvrant récemment cette approche aux élèves ayant réussi l’enseignement primaire, l’école fait le pari que de telles pratiques ont aussi du sens pour les publics d’élèves plus conformes aux normes scolaires. Voilà qui est réellement innovant : cesser de considérer que la forme traditionnelle d’apprentissage reste la norme et ne mérite d’être remise en question que pour les élèves qui ne s’y adaptent vraiment pas, échouent ou décrochent.
Cette initiative fait écho au Manifeste : « Une tout autre école mise sur la soif d’apprendre et les questions vives et vivifiantes des enfants et des jeunes. Elle laisse bien plus de place qu’aujourd’hui aux questions que se posent les élèves plutôt qu’à celles que les enseignant-e-s veulent leur poser (ou leur voir se poser). (…) L’autorité de l’enseignant-e doit alors être surtout utilisée pour maintenir ou stimuler chez l’élève la volonté de pousser loin sa compréhension du phénomène qui l’intéresse, l’inviter à ne pas s’arrêter trop vite en chemin, le pousser dans ses retranchements comme les tout jeunes enfants nous poussent, nous adultes, dans nos retranchements lorsqu’ils enchaînent les pourquoi ».
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