Een gesloten centrum in de huidige gebouwen van de VRT/ RTBF ?
Nee, dit is fictie
Maar de gesloten centra zijn een realiteit…die wij veroordelen.
Toutes et tous le 5 mai à la Caravane Tout Autre Chose – Hart Boven Hard jusqu’au Festival Steenrock !
Doe mee op 5 mei met de KARAVAAN naar Steenrock Festival.
Een initiatief van Hart Boven Hard-Tout Autre Chose - Brussel.
Page web et événement facebook caravane : www.toutautrechose.be/evenement/centres-fermes-caravane-jusquau-steenrock-le-samedi-5-mai / www.facebook.com/events/1360686344075183/
Page web et événement facebook Steenrock : https://steenrock.wordpress.com / www.facebook.com/events/1976150976046508/
Une vidéo a été diffusée sur les réseaux sociaux ce mercredi 25 avril sous forme d’un faux reportage de journal télévisé. Il y est expliqué que la RTBF-VRT va bientôt quitter ses bâtiments actuels (Boulevard Auguste Reyers à Schaerbeek), ce qui est vrai, et que les locaux vont très probablement être réaffectés en centre fermé pour migrants. Tout y passe : interview des architectes qui s’occupent de ce projet « qui est comme un autre » (la tour Reyers permettra une surveillance facile des détenus), regard du politicien en charge de ce dossier vantant cette « réutilisation écologique », micro-trottoir de Schaerbeekois(es) pour ou contre ce projet, avis d’une personne sans-papier expliquant son quotidien et d’un militant choqué par l’enfermement des adultes et enfants. Les propos surréalistes se terminent avec l’annonce : « Ceci est une fiction » (en clin d’œil à « Byebye Belgium » de la RTBF) et l’appel à la mobilisation du 5 mai. Tout cela a en effet été joué par des comédiens amateurs, des membres de Tout Autre Chose – Hart Boven Hard Bxl, Saint-Gilles, Watermael-Boitsfort et Forest.
Non, il n’y aura pas de centre fermé dans ces bâtiments.
Alors pourquoi cette fiction ? Ce faux reportage a été réalisé par le mouvement citoyen « Tout Autre Chose » (et spécialement sa régionale bruxelloise couplée avec Hart Boven Hard Bxl). Aucun membre du personnel de la RTBF/VRT n’a été impliqué ou mis au courant au préalable de cette initiative subversive, un rien provocante. Comment les citoyennes et citoyens réagiront-ils face à cette (fausse) nouvelle, un centre fermé, une prison pour migrants en plein centre de Bruxelles et dans un bâtiment public connu de toutes et tous ? Nous avons souhaité susciter la réflexion de chacune et chacun…
La réalité des centres fermés est très méconnue, cachée voire invisible. Comme de nombreuses autres associations et mouvements, nous la considérons comme inacceptable.
Il y a pour le moment 5 centres fermés en Belgique (127bis et Caricole à Steenokkerzeel en face de l’aéroport de Zaventem, Merksplas, Bruges et Vottem). Pour doubler la population enfermée, le Secrétaire d'État belge à l'Asile et à la Migration, Théo Francken [1] souhaite en construire encore trois, dont une nouvelle aile au centre 127bis qui est pratiquement finie et qui vise à pouvoir à nouveau enfermer des enfants. « A nouveau » car l’Etat avait heureusement arrêté, à quelques exceptions près, ce type d’enfermement suite aux multiples condamnations par la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Les principaux arguments sur lesquels s’appuie cette politique, à savoir la sécurité de la population belge/locale et la dissuasion d’éventuels futurs migrants (l’habituel « appel d’air » craint et mis en avant), sont tout à fait démontables (plus d’informations ci-dessous). La migration n’est pas un problème, l’enfermement n’est pas une solution. Nous nous positionnons dans la continuité d’autres actions citoyennes qui ont eu lieu dernièrement ou auront bientôt lieu:
Nous encourageons chacune et chacun à exprimer son refus de la politique actuelle et passée des gouvernements laissant sans abri, stigmatisant, enfermant, expulsant les migrants.
Et à se questionner…
Savons-nous ce qui se passe dans les centres fermés ?
A quoi servent-ils et combien coûtent-ils (humainement et financièrement) ?
Savons-nous qui soutient ces centres fermés ?
Au-delà de la très grande vague de solidarité envers les personnes du Parc Maximilien, les très nombreux logeurs, le soutien de mouvements et de certains partis politiques, avons-nous conscience que ces personnes sans-papiers risquent d’être arrêtées, souvent « au hasard » et enfermées dans ces zones de « non-droits » ? La grande majorité des partis traditionnels soutiennent le maintien des centres fermés voire leur augmentation. A l’heure des communes et autres entités « hospitalières » (comme la Fédération Wallonie-Bruxelles), comment pouvons-nous accepter la présence de ces prisons sur notre territoire - et sans même savoir ce qui s’y passe ? Des bourgmestres, ministres, parlementaires accepteront peut-être demain un nouveau centre, tout cela avec l’argent public évidemment, près ou loin de chez nous. Sans doute qu’un nouveau centre fermé en pleine capitale aurait choqué. Par ce faux reportage, nous souhaitons « ouvrir les yeux » sur ces centres honteux et inacceptables où qu’ils soient et mobiliser pour le festival militant et musical du Steenrock qui a lieu le samedi 5 mai à Steenokkerzeel face au 127bis. Pour s’y rendre, nous invitons tout un chacun à rejoindre notre Caravane (avec Hart Boven Hard, le Ciré, United Stages et d’autres associations du Steenrock) partant symboliquement de la RTBF/VRT à 11h à vélo ou à pied pour passer « de la fiction à la (dramatique) réalité ». Tout Autre Chose et Hart Boven Hard sont contre ces centres fermés et visent unilatéralement leur disparition. Ils l’exprimeront de manière soutenue mais non sans convivialité à travers ces 10km parcourus avec couleurs et des ballons “Don’t let humanity fly away” distribués (cfr. action dans les gares). Une rencontre entre des migrants, des citoyens de Vilvoorde, Leuven et Steenokkerzeel est également prévue.
Peu importe où,
Peu importe qui (adultes, familles, enfants),
Non aux centres fermés.
Voici pourquoi…
Les informations ci-dessous proviennent essentiellement de la brochure du Ciré « Les centres fermés » téléchargeable ici et du document « Centres fermés pour étrangers. Etat des lieux. Synthèse et recommandations. », décembre 2016, édité par le Ciré également.
Depuis 1988, la Belgique enferme.
Pour organiser l’expulsion de personnes n’ayant pas ou plus de papiers en ordre (ou soupçonnées de faux visa) ou pour examiner des demandes d’asile faites avant la frontière (contrairement aux demandeurs d’asile en centres ouverts).
Des milliers d’hommes et de femmes dont des mineurs.
C’est le nombre de personnes enfermées par an dans les conditions et l’univers carcéral des centres fermés alors qu’il ne s’agit pas d’une détention pénale (ordre de l’autorité judiciaire) mais bien administrative. La détention est un moyen (et non une « sanction ») pour la Belgique d’exécuter l’expulsion. Invisibilité et inaccessibilité de ces lieux, pas ou peu de contrôle démocratique, peu d’assistance juridique de qualité (l’avocat pro deo n’est pas toujours disposé à introduire les recours dans les temps ou de manière rigoureuse). Quant aux enfants, depuis 2008, des « maisons de retour » avaient été testées pour motiver des familles avec mineurs de quitter le territoire vu leur situation administrative. Ni fermées, ni gardées (et donc avec un taux d’échec plus grand qu’un centre fermé), ces maisons ne semblent pas convaincre Theo Francken qui souhaite enfermer ces familles dans la nouvelle aile du centre fermé 127bis. Retour en arrière par rapport à l’arrêt des détentions de mineurs par la Belgique en 2008 suite à plusieurs condamnations par la Cour européennes des droits de l’homme. L’enfant mineur a pourtant, d’après la Convention européenne des droits de l’homme, un « intérêt supérieur ». Pour nous, ni la séparation ni l’enfermement des mineurs ne sont acceptables. L’une n’est pas une alternative à l’autre.
Comment une personne se fait-elle arrêter, enfermer puis expulser?
En résumé, soit à la frontière (pas de visa en ordre, soupçon de faux visa ou autour de la raison du voyage), soit lors d’un contrôle de routine (comme ceux qui ont récemment été dénoncés sur le réseau STIB) soit lors d’une démarche administrative au commissariat, à la maison communale ou à l’Office des Etrangers (où une convocation ambiguë peut attirer la personne ensuite facilement arrêtable). S’ajoutent à cela les arrestations à domicile qui pourraient se généraliser vu l’actuel projet de loi permettant à la police d’entrer sans l’autorisation de la personne domiciliée. Une fois la personne arrêtée, si l’Office des Etrangers réussit à connaître son identité et son origine de la personne, il organise son expulsion avec l’accord du pays en question (certaines collaborations sont parfois préétablies) ou le pays en charge de la demande d’asile vers lequel elle est renvoyée (cas Dublin : le premier pays européen foulé du pied est responsable de la demande). Est-il nécessaire de préciser que les pays qui « réceptionnent » le détenu risquent fortement de ne pas respecter ses droits fondamentaux ? Que ce soit dans les pays s’occupant de la demande d’asile (comme l’Italie, la Grèce, souvent fuis vu les conditions d’accueil/détention) ou dans les pays d’origine (dont certains commettent torture, jugement sans défense, …).
Être en prison mais sans savoir pour combien de temps…
Alors que la détention ne peut pas excéder deux mois en principe, ces délais légaux ne sont pas automatiquement respectés (certaines démarches entraînant la remise des compteurs à zéro) et être dans la pratique « sans limite ». La durée moyenne de détention en centres fermés en Belgique en 2014 fut de 44,32 jours mais elle a dépassé un an pour un détenu en 2015. Au cours des dix dernières années, la Cour européenne des droits de l’homme a condamné la Belgique à une dizaine de reprises suite aux plaintes d’étrangers détenus. La Convention Européenne des droits de l’Homme précise que l’enfermement doit rester l’exception dans le cadre du droit de séjour ou d’entrée. L’état de santé des détenus se dégrade évidemment dès l’arrivée en centre fermé. La privation de liberté a un impact lourd sur l’état psychique. Les soins de santé ne sont pas toujours adaptés sans compter certains actes de violences psychologiques ou physiques venant du personnel.
Un coût humain… et financier.
Une privation de liberté est toujours une grande souffrance. D’autant plus quand la personne a vécu de nombreuses années en Belgique avant l’enfermement. On estime qu’une personne sur trois arrêtées vivait depuis plus de 5 ans dans notre pays, et près d’une sur 6 depuis au moins 10 ans. Les liens affectifs forts avec les proches disparaissent du jour au lendemain.
Une diminution de la capacité totale des centres fermés a eu lieu entre 2004 (654 personnes) et 2014 (471 personnes). Cependant, elle est sans doute liée aux coûts de cette politique d’éloignement (63 millions d’euros en 2014) et à l’état des finances de l’Etat. C’est ce qui a par exemple « postposé » le projet d’aile pour familles au 127bis. L’actuel gouvernement fédéral a cependant pu obtenir plus de financements pour augmenter les capacités des centres fermés et les éloignements, pendant que diminuaient les moyens pour la demande d’asile (centres ouverts, …).
Malgré cela, une telle politique migratoire dans quel but ?
La sécurité : Cela a toujours été un argument important des secrétaires d’Etat à l’asile et à la migration des 20 dernières années mais Theo Francken n’a pas manqué de nommer les personnes enfermées comme des « étrangers illégaux criminels ». Or, seulement 15% des personnes en centres fermés (chiffres OE en 2014) ont été arrêtées pour « trouble à l’ordre public » ou sont arrivées de prison. Il faut savoir que le motif d’ordre public, très flou, est invoqué par l’OE dans plus de la moitié des cas pour « travail au noir » ! Parler de sécurité et de criminels est complètement inadéquat. Quant à la « sécurité économique », il ne manque pas d’études montrant à quel point les migrants sont nécessaires au bon fonctionnement de la Belgique.
Eviter l’envahissement, l’ « appel d’air », « pour l’exemple » : les personnes migrantes souhaitant quitter la misère, la guerre, des persécutions, se soigner, … sont très rarement au courant de l’existence de ces centres fermés en Europe. Même quand elles le sont, les témoignages montrent que les arguments « push », ceux qui poussent à partir, sont supérieurs à la peur d’être enfermé ou expulsé tant la vie dans le pays d’origine est pénible, dangereuse. Statistiquement, malgré le désastreux coût humain, on peut voir que sur les 150.000 personnes sans-papiers estimées en Belgique, ce n’est pas du tout, heureusement, la majorité qui est expulsée.
Pourquoi alors ? D’après nous, pour rassurer la population, symboliquement (mais encore une fois avec pour conséquence des vies en danger) pour montrer que l’Etat « fait quelque chose ». A quel prix ? Alors qu’il n’y a, pour nous, rien à faire face à une réalité qui existe depuis des millénaires, nécessaire, naturelle, : … la migration. Elle ne devrait pas être considérée comme un problème qui appelle une solution.
La fin des centres fermés, la régularisation des personnes sans-papiers présentes sur le territoire, l’ouverture des frontières, … toutes ces positions que nous soutenons paraissent radicales mais permettront de rendre libres (en termes de circulation et d’enfermement) toutes ces personnes.
TOUT AUTRE CHOSE
Contact presse FR : Tout Autre Chose - Hart Boven Hard Bxl 0479/50.20.72 - 0473/75.90.32 [email protected]
[1] Bien que Mr Francken durcisse clairement la politique d’accueil et d’expulsion des migrants par rapport à ses prédécesseurs, la présente dénonciation ne le cible pas plus que ces derniers ainsi que les partis associés.
Le mouvement « Tout autre chose » est au ralenti, voire en hibernation. Mais il ne tient qu’à vous de relancer la dynamique en vous rendant sur le site participatif des groupes.
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