Ce que j’aime dans les villes, ce sont les arbres qu’elles contiennent.
Jean Giono
Aux nombreux arbres abattus, fin septembre, square Jacques Franck,
A l’incompréhension, l’émoi, la colère des habitants,
Nous avons voulu proposer « L’Homme qui plantait des arbres » de Jean Giono, interprété par Luc Vandermaelen.
Une histoire sublime, un beau moment partagé et l’occasion également de débattre des projets de la Commune, des sentiments et des envies des habitants. C’était jeudi dernier, 19 octobre.
Catherine nous raconte :
« Un reportage de la RTBF m’apprend ce jour-là que cinquante-quatre arbres ont été abattus au square Jacques Franck à Saint-Gilles. Cinquante-quatre, ça fait beaucoup. C’est pourtant le chiffre officiel.
Le reportage poursuit par les explications de l’échevine : «Il s’agit de travaux prévus suite à un contrat de quartier, septante arbres seront replantés, des bancs vont être installés, les gens ont besoin de se parler, etc. » Mais le reportage a aussi visité les appartements des logements sociaux du lieu et montre leur état tout en faisant résonner l’appel de locataires : « Que l’on s’occupe d’abord de nos logements ! ».
Donc, si je comprends bien, le projet est, d’une part, de laisser s’asphyxier tout un quartier le temps que les nouveaux arbres plantés arrivent à maturité et, d’autre part, que les riverains puissent s’asseoir sur des bancs (sans dossier, je l’ai appris par la suite) pour discuter entre générations de la moisissure dans leurs appartements.
Entre colère et tristesse, je ne peux rester sans réaction.
Je contacte aussitôt Luc (l’ami comédien de la locale à Watermael-Boisfort) qui interprète depuis plusieurs années le texte de Jean Giono « L’homme qui plantait des arbres ». S’ensuit une petite organisation discrète avec la locale de Saint-Gilles, des habitants et le café La Licorne (merci à eux). Le jeudi 19 octobre, à 17h, armés de chaises des gens du « bas » et du « haut » de la commune - même d’autres communes - se retrouvent au centre du square (dans le jargon politique on appelle cela faire de la cohésion sociale).
Luc joue « l’homme qui plantait des arbres ». Un petit quelque chose de particulier se passe…
Après la représentation, Béatrice déplie les plans des travaux prévus autour desquels on se rassemble. D’autres habitants viennent nous rejoindre. S’expriment ainsi les incompréhensions, les plaintes, les besoins, les découragements et surtout le sentiment de ne pas être pris en compte…
Quand Ibrahim me raconte comment les racines des arbres ont été extraites, je suis très touchée. Il me dit : « Ça fait mal à voir ! ». Moi aussi, ça me fait mal, car les arbres, ils accompagnent nos vie tous les jours. Notre respiration, c’est eux !
Nous décidons alors d’aller ensemble au Conseil communal ce jeudi 26 octobre pour faire entendre la voix des habitants du quartier.
C’est sûr que nous ne pourrons pas faire repousser les arbres, ils sont déjà morts. Mais, ce que j’espère, c’est que, de leur mort, germera de nouvelles initiatives, de nouvelles rencontres, de nouveaux engagements… Des graines de TOUTES AUTRES CHOSES ! »
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