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ParPatrick Jonniaux

RTBF : comment supprimer la publicité ?

RTBF : COMMENT SUPPRIMER LA PUBLICITE ?

par le collectif « La RTBF nous appartient » (mai 2017)

Alors que la pétition de « La RTBF nous appartient » contient cinq revendications, c’est celle qui concerne la suppression de la publicité et du sponsoring qui suscite le plus d’adhésions et de commentaires.

Depuis près d’une vingtaine d’années, chaque fois que les auditeurs ou les téléspectateurs ont l’occasion d’émettre un avis sur le service public, c’est cette thématique qui revient le plus souvent. De plus en plus présente, de plus en plus envahissante et à l’intérieur même des programmes, la publicité irrite toujours davantage et, même, motive la fuite de nombreux fidèles usagers.

Lors de la préparation des contrats de gestion précédents, le débat sur la suppression de la publicité était présent dans les discussions. Malheureusement, en 2017, cela ne semble plus être le cas.

Alors que beaucoup revendiquent que les programmes doivent s’adapter aux désirs du plus grand nombre (l’audimat), il n’est plus du tout question de s’intéresser à la demande du plus grand nombre quand ceux-ci revendiquent la diminution ou la suppression de la présence et de l’influence des annonceurs.

C’est d’ailleurs l’une des rares matières où le personnel politique, dans sa majorité, ne tente pas de trouver des solutions. Pireb! À chaque fois que la société civile propose des hypothèses de financements alternatifs, on a l’impression qu’il fait tout pour abattre celles-ci plutôt que de tenter de partir de là pour construire une autre façon de faire qui répondrait aux voeux de la majorité de leurs électeurs. Ils vont jusqu’à même abattre les « messagers » plutôt que de débattre du message. Il est bien entendu plus aisé et populiste de les traiter de « bobos » que de construire avec eux un projet ertébéen pour mettre fin à l’irritation bien justifiée du public.

Quand la pub coute plus qu’elle ne rapporte…

De plus en plus chérie au fil des évolutions des récents contrats de gestion, la publicité a poussé petit à petit la RTBF à devenir un monstre sur un mouchoir de poche. Par exemple, elle coûte très cher en création de nouvelles chaînes pour segmenter les publics et, en fin de parcours, les personnels qui doivent animer celles-ci reviennent plus chers que les bénéfices nets récoltés. C’est la fable de la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf, pour une petite partie d’un petit pays. Pour éviter les pertes, il faut tout le temps renchérir commercialement, enfler, favoriser la quantité au détriment de la qualité (soit l’inverse de l’adn d’un service public) et on en est à un stade où la présence publicitaire envahit sans doute davantage les programmes du service public que ce qui se passe dans la concurrence privée. Jusqu’à l’indécence de couper la diffusion des documentaires ou de devoir constater qu’il y a du placement de produit dans « The Voice » diffusé par la RTBF, et pas dans la version présentée par TF1. Et quelle inventivité ertébéenne pour retenir l’attention des téléspectateurs, cette façon unique d’indiquer, avant les JT, pendant le déroulement publicitaire, le décompte des secondes qui séparent celui-ci du retour aux émissions ! « Ne zappez pas, subissez ces dernières publicités pour ne pas rater le début de vos informations ! ».

L’avenir sera bien sombre si le gouvernement accepte les deux nouvelles propositions suggérées par Yves Gérard, le patron de la RMB, au cours de son audition au Parlement le 10 mai 2017 : utiliser de nouveaux formats publicitaires prisés par les annonceurs tels que le « native adversiting » (des contenus qui ressemblent à du rédactionnel mais qui mettent en valeur une marque contre financement) et, d’autre part, recevoir l’accord de pouvoir exploiter les données personnelles à des fin sur internet de ciblage publicitaire.

Pour éviter la fin tragique de la fable de La Fontaine, il faudra d’une façon ou d’une autre, à un moment donné, mettre fin à la surenchère. Il en est plus que temps car, à force de copier les programmes des diffuseurs privés, elle applique de moins en moins ses missions particulières. Il viendra sans doute le temps où la Commission européenne remettra en question l’existence même de la RTBF pour concurrence déloyale.

RTBF : au service du public ou au service des marques ?

 

La suppression totale ou partielle de la publicité n’est pas exceptionnelle dans les médias de service public. Elle est pratiquée en France, en Espagne, en Grande Bretagne… et même sur les chaînes TV de la VRT.

Parfois, sans effet positif. En 2008, Nicolas Sarkozy a fait supprimer la publicité sur les chaînes de télévision de France Télévisions après 20H. Une grave erreur a été commise en n’appliquant pas la même règle au sponsoring et celui-ci a quasi remplacé la publicité. Voilà pourquoi nous voulons joindre le sponsoring à la suppression de la publicité à la RTBF.

Selon nous, la place grandissante de la publicité commerciale sur les chaînes publiques influence le type de programme qui est proposé. La RTBF modifie sa grille d’émissions pour toucher un public plus large et susceptible d’être des cibles pour les publicités proposées.

Il faut bien comprendre ce mécanisme pour mesurer l’impact qu’il peut avoir sur les médias. Plus un programme attire de public, plus la publicité diffusée autour de ce programme se vendra cher. Un glissement s’opère alors ; de plusieurs bons petits programmes qui touchent des parties précises du public on se dirige vers une ou deux émissions phares qui touchent tout le monde. Le média s’isole alors dans une course à l’audimat ; cela se manifeste, par exemple par de larges campagnes de publicités pour un programme précis. En quelque sorte, le média investit dans un programme, pour qu’il lui rapporte de l’argent. Enfin, le média va préférer satisfaire les publicitaires, plutôt que le public. Il adapte les programmes en fonction des besoins du produit, avec une possibilité de censurer certaines critiques vis-à-vis de certaines marques (pour éviter de perdre ces publicitaires).

« La RTBF nous appartient » a imaginé un plan progressif de cinq ans. La première partie de celui-ci entrerait en activité dès le démarrage du prochain contrat de gestion, soit le 1er janvier 2018.

Ce plan est détaillé dans la première des cinq propositions de notre pétition :

https://www.change.org/p/jean-claude-marcourt-la-rtbf-nous-appartient?recruiter=700422629&utm_source=share_for_starters&utm_medium=copyLink

Comment financer une RTBF sans pub ?

En chœur, tant les ministres que les patrons successifs du service public affirment, depuis des années, qu’ils sont, eux aussi, « s’ils n’écoutaient qu’eux », des militants de la suppression de la publicité à la RTBF.

Il n’y a donc, à les entendre, point d’obstacle idéologique.

Mais… Et de poursuivre : « Nous devons être des gestionnaires responsables et comme nous ne voyons pas de financements alternatifs fiables, comme nous ne voulons pas que le service public s’affaiblisse, alors c’est non… ». Les financements alternatifs constituent donc le débat principal. C’est le sujet de la suite de ce texte.

Pourquoi y citons-nous si peu de chiffres ? Il est difficile d’avoir accès aux comptes de la RTBF, ce qui nous empêche de nous pencher sérieusement sur les coûts et les bénéfices de la publicité. Ceci constitue bien entendu une faille de la pseudo transparence du service public. Chaque fois qu’on approche d’un débat fondamental, on se heurte à ses secrets d’entreprise comme si le service public n’était qu’une obscure créature uniquement commerciale, alors qu’elle est principalement financée par la dotation. La suppression de la publicité et du sponsoring pourrait changer complètement la donne sur ce type d’entrave qui méprise ses téléspectateurs et auditeurs actifs.

8 propositions

Nos huit propositions suivantes sont donc des pistes de solutions. Elles doivent être analysées par le Parlement. Nous n’avons pas forcément les compétences, ni les ressources nécessaires pour une analyse complète de la situation. Néanmoins, nous sommes persuadés qu’une bonne mise en place de nos propositions suffirait à rétablir le manque à gagner de la RTBF en cas de suppression de la publicité et du sponsoring.

1) Diffuser de la publicité coûte

La publicité ne fait pas que rapporter… Sa prospection et sa mise à l’antenne coûtent énormément en salaires, frais de représentation, moyens techniques.

2) Quelques trop haut salaires

Le service public s’est laissé enliser dans la logique managériale dès qu’il a cessé d’être dirigé par des anciens « hommes de radio » ou journalistes (Robert Wangermée, Robert Stéphane, Christian Druitte) et qu’il fut confié à des managers (Jean-Louis Stalport et Jean-Paul Philippot).

Ces deux derniers ont voulu « professionnaliser » la RTBF avec comme projet notamment le renforcement publicitaire que l’on a connu ces dernières années.

Cette option a été choisie sans l’avis des téléspectateurs et des auditeurs. Pourquoi ne pas consulter les utilisateurs de la RTBF, concernant la publicité? Un « service public » peut être amélioré par son public. Celui-ci peut être mobilisé.

S’ensuit la mise en place d’une direction pléthorique et l’octroi pour certains de salaires extravagants dont on pourrait aisément se passer dans un service public financé entièrement par la dotation.

Dans un article de La Libre du 8/02/17, on apprend qu’en salaires annuels bruts fixe + variable, rien que François Tron gagne 334.932€, Jean-Paul Philippot, 337.049€ et Francis Goffin, 397.939€ (pour comparer, le patron de l’ONE touche 127.000€, et notre premier ministre Charles Michel, 290.000€).

Pour ce dernier, le directeur des radios que Monsieur Philippot a été chercher chez Bel RTL, Fernand Letist parlait déjà de contrat « sur démesure » dans un article qu’il publia dans « Le Soir » du 20/02/2004.

Pourtant, la Fédération Wallonie-Bruxelles a fixé elle-même le plafond des rémunérations des gestionnaires des organismes d’intérêt public au 01/01/16 à 250.138€. Un député indique que le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles ne reçoit pas les budgets précis, dans le cas de la RTBF. Et dire qu’un décret est justement en élaboration pour garantir la transparence de ces rémunérations ! Une sacrée économie en perspective et un retour à la justice sociale, ce qui doit (re)devenir la règle dans notre service public de l’audiovisuel enfin débarrassé de la pression publicitaire.

3) Re-fiscaliser les investissements publicitaires

Il conviendra de proposer au niveau fédéral, comme ce fut suggéré par la passé, une re-fiscalisation des investissements publicitaires au bénéfice de notre « audiovisuel public », ce qui plaira assurément à la Communauté flamande pour mieux financer la VRT. On ne voit pas très bien pour quels motifs démocratiques les investissements publicitaires qui avoisinent les 3% du PIB ne sont pas soumis à l’impôt. Pollueur-payeur: il est grand temps que les publicitaires soient enfin davantage taxés par rapport aux dommages sociétaux que développe leur activité: création de faux besoins, obésité, violence, etc.

Pour la fédération Wallonie-Bruxelles, les bénéfices de cette mesure renforceraient son enveloppe globale, ce qui lui permettrait d’envisager le financement d’une RTBF sans publicité.

« VAP! » fédéra jusqu’à une quinzaine d’associations de la société civile : Conseil de la Jeunesse, Inter-Environnement, Respire, Univers Santé, CRIOC, Equipe Populaire, GSARA, etc. Suite à son action, le gouvernement avait accepté d’organiser en 2011 une étude scientifique indépendante pour analyser les retombées de la suppression de la publicité à la RTBF et la recherche de financements alternatifs. Malheureusement, le cahier des charges élaboré par le cabinet de la ministre de l’audiovisuel pour rechercher le consultant qui mena cette enquête (ce sera la société Deloitte) n’a pas pris en compte l’idée de cette re-fiscalisation des investissements publicitaires au bénéfice de notre audiovisuel. Cette mesure pourrait s’inscrire dans le cadre de la fiscalité verte que l’OCDE somme la Belgique de mettre en place.

« La RTBF nous appartient » souhaite que cette option qui pourrait faire le bonheur des usagers de la RTBF et de la VRT soit enfin prise en compte, analysée et concrétisée par des élus imaginatifs qui voudront enfin tenir compte de l’opposition à la publicité sur le service public exprimée par tant de leurs électeurs.

4) Désinvestir dans le CIM et la RMB

Une autre économie pourrait être réalisée par l’arrêt de la participation de la RTBF au financement du CIM (Centre d’information des médias) dont l’objectif est de recueillir des données, souvent controversées, pour établir l’« audimat » afin de fixer la tarification publicitaire.

Il faudra mettre bien plus en avant tous les résultats du « qualimat » (celui-ci existe déjà, financé par le budget actuel). Il permet de découvrir si le public a apprécié les programmes diffusés par le service public.

Cette sortie du CIM mettra fin à la comparaison névrotique des audiences et des parts de marché entre la RTBF et les autres chaînes, et permettra une réelle prise en compte de l’avis des auditeurs/téléspectateurs dans l’évaluation des programmes.

Cette évolution permettra à la RTBF de mieux redéfinir ses missions, ses programmes et ses publics prioritaires.

Par ailleurs, la RTBF participe également au financement de la RMB (Régie Média Belge). Cette régie, détenue à 99,88% par la RTBF, pourrait continuer sa commercialisation d’espaces publicitaires avec d’autres acteurs, comme elle le fait déjà actuellement. La fin de la publicité signifierait un arrêt des recherches d’annonceurs pour la RTBF. Si le Conseil d’administration de notre service public avait anticipé cette suppression de la publicité, la RMB aurait été gagnante car, n’appartenant plus à la RTBF, elle aurait pu négocier un accord avec TF1 afin de devenir sa régie publicitaire sur notre marché et ainsi proposer ce nouveau labeur à son personnel.

5) Moins de programmes fort onéreux

L’économie la plus importante viendra sans doute de la suppression d’émissions souvent coûteuses qui n’ont rien de service public et qui ont pourtant été programmées pour tenter de séduire les publics-cibles préférés des annonceurs (par exemple, les jeunes qui ont un certain pouvoir d’achat et qui changent rapidement leurs habitudes de consommation).

Ceci ne veut pas dire qu’il faut abandonner les programmes de divertissement mais bien qu’il faut en diminuer le nombre ou la fréquence pour retrouver un équilibre entre la concrétisation des différentes missions attribuées à la RTBF.

Il ne s’agit pas d’un kidnapping en faveur du monde culturel, comme on l’entend parfois dire. Les programmes culturels à la RTBF sont nombreux mais certains d’entre-eux devraient avoir droit au prime-time. Ce sont surtout les émissions sociales (au sens large) qui ont partiellement disparu avec le développement de la présence publicitaire depuis une dizaine d’années, et celles-ci ont toujours été appréciées par un très vaste public.

6) Moins de pub, moins de dégâts?

La publicité sert avant tout à vendre. Dès lors, en supprimant la publicité, ne faut-il pas s’attendre à une diminution de la consommation à outrance ? Principalement de produits dont les citoyens n’ont pas forcément besoin ? Même s’il est difficile de chiffrer cet aspect, il ne faut pas négliger le coût que peut avoir la publicité sur l’environnement et sur la santé.

Il s’agit d’économies financières (et économies de souffrances, par exemple, par rapport à l’obésité) dont il faut absolument tenir compte lorsque viendra le choix de supprimer la publicité à la RTBF. Il serait amoral de ne pas tenir compte de ces économies parce qu’elles se concrétiseraient à un niveau fédéral.

Voici d’autres types de dégâts évoqués dans cet extrait du discours de la représentante de « VAP ! » lors de son intervention au parlement :

« Sur le plan culturel et humain, je voudrais me faire brièvement l’écho du sentiment de lassitude, de désarroi et de colère que le matraquage publicitaire suscite de plus en plus.

Désarroi et exaspération des ménages à faibles revenus qui subissent avec violence le risque d’être exclus, faute de pouvoir suivre les modèles constamment imposés et la course à l’avoir.

Désarroi et indignation de parents et de grands-parents qui ne savent plus comment transmettre des valeurs qui leur tiennent à cœur, mais ne semblent plus tenir la route quand elles se heurtent aux images et aux discours vantant le bonheur d’amasser comme l’expérience fondamentale d’être adulte.

Désarroi et colère aussi des femmes à qui la publicité renvoie sans cesse une image réductrice et dévalorisée.

Désarroi et colère enfin face une propagande commerciale qui se répète inlassablement, par tous les supports possibles, alors qu’on ne l’a pas demandé.

L’essentiel de la publicité, rappelons-le, n’est pas sollicité, alors que nous la payons. »

7) L’arrivée de TF1: une opportunité

L’annonce de l’arrivée de TF1 sur le marché publicitaire belge pourrait engendrer une perte financière comprise entre 7 et 11 % du budget annuel de la RTBF (constitué à la fois d’une dotation publique avoisinant les 240 millions d’euros et de recettes commerciales).

Comment compenser, pour les années à venir, ce nouveau et probable manque à gagner pour la RTBF ? Cette perte signifierait que la publicité ne financerait plus qu’environ 10% à 15% de son budget (contre + ou - 25% actuellement). Cela devient dérisoire par rapport aux effets néfastes qu’engendre la pub sur les programmes, le choix des chaînes où ils sont diffusés et leurs horaires, les budgets alloués à leur production et leur promotion.

Voilà une cerise sur le gâteau qui devrait particulièrement plaire au PS et au MR, eux qui veulent à tout prix que la luxembourgeoise RTL TVi continue de régner chez nous. Ils verront dans cette solution un transfert opportun de ressources publicitaires qui auraient été captées par la RTBF et qui iront donc plutôt financer le manque à gagner de la chaîne privée dite « de chez nous » occasionné par l’arrivée de TF1 sur notre marché publicitaire. Tout ceci permettrait donc à RTL TVi de poursuivre sa stratégie d’investissement dans les productions locales belges, avec également des retombées sur l’aide à la presse écrite, ce qui n’est pas rien.

Ainsi donc, la suppression de la publicité à la RTBF fera beaucoup de bien à la diversité médiatique (RTL TVi poursuivrait ses programmes d’information) et à notre presse écrite en si mauvaise santé économique.

8) Autres idées

Notre collectif de citoyens s’anime bénévolement sur cette thématique. Il nous semble que, maintenant, c’est au tour des professionnels (direction, syndicats et travailleurs de la RTBF; personnel politique; diffuseurs privés dont RTL TVi; CSA; presse écrite), dans leur temps de travail rémunéré, de trouver l’énergie d’approfondir et de compléter ce listing de financements alternatifs pour enfin répondre à cette volonté de tant d’usagers de voir la publicité et le sponsoring disparaître du service public.

En conclusion, voilà un extrait d’une des dernières chroniques « Humœurs » du tant regretté Marc Moulin qui fut l’un des artisans parmi les plus créatifs de la RTBF (« Cap de Nuit », « King Kong », « Radio Cité », « Jeu des Dictionnaires », etc.). Elle est parue dans le Télémoustique du 16 avril 2008.

Les gens raisonnables…

«(…) Les Gens Raisonnables disent que ce n’est pas raisonnable de vouloir supprimer la publicité sur les radios-télés de service public.

Franchement, si nous ne sommes pas capables de faire une chose aussi facile que ça, je ne vois pas très bien comment nous allons faire des choses compliquées : sauver la planète de l’extinction des espèces, du réchauffement et du désastre climatiques, préserver l’énergie et l’eau potable, lutter contre la faim, la mort, la maladie, enrayer la violence, le terrorisme et la criminalité en col blanc.

Les Gens Raisonnables pensent que c’est irréaliste de supprimer des programmes de télé et de radio qui promeuvent l’amoncellement exponentiel des déchets et la consommation à outrance, donc l’épidémie de diabète et d’obésité qui envahit et tue le monde.

Parce que les Gens Raisonnables pensent que la télé publique n’appartient pas à la collectivité. Pour Eux, la télé publique appartient au lobby médiatico-publicitaire».

ParPatrick Jonniaux

5 propositions pour le contrat de gestion

La RTBF nous appartient - c’est maintenant aussi une pétition… Signez ici…

La RTBF est une télévision et une radio publiques financées (à près de 80%, le solde étant l’apport publicitaire) par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Étant un service public, l’une de ses missions essentielles est d’informer les citoyens pour leur donner une meilleure compréhension du monde et de ses enjeux. Qu’elle soit au service de la société, et non d’intérêts particuliers. Le présent document a pour but d’émettre des propositions dans ce sens. Ce média public est régi par des règles négociées entre le conseil d’administration de la RTBF et le gouvernement sous forme d’un contrat : le Contrat de Gestion. Celui-ci fixe les services que doit rendre la RTBF au public. D’une durée de 5 ans, l’actuel contrat prend fin le 31 décembre 2017, pour laisser sa place au cinquième contrat de gestion le 1er janvier 2018.

Le contrat de gestion évolue fortement à chaque nouvelle négociation. Dès à présent, les discussions sont lancées pour établir les nouvelles règles. Seuls les politiciens et professionnels du milieu en discutent, sans vraiment demander l’avis du public. Or, étant un média public, il est crucial que la population se prononce quant au contenu des missions de la RTBF. Le groupe de citoyens “La RTBF nous appartient”, initié par le mouvement Tout Autre Chose, s’est concentré sur ce problème et a réfléchi à de nouvelles propositions. Ce groupe publiera plusieurs propositions, à raison d’une par mois.

1 : Une RTBF sans publicité ni sponsoring

Le constat : Aujourd’hui, nous en sommes à un point tel que les « pauses » publicitaires entre et, pire, dans les émissions sont devenues omniprésentes. Or, il existe un lien direct entre la publicité et le type de programme. Pour attirer les publicitaires, la RTBF va modifier sa “grille” (types d’émissions et horaires et chaînes attribués à leur diffusion) afin de toucher un large public susceptible d’acheter les produits proposés dans les publicités.

Les propositions :

  • Nous proposons un plan sur 5 ans de suppression progressive de la publicité et du sponsoring à la RTBF. Nous suggérons dès le 1er septembre 2018 une période test avec leur suppression sur tous les supports de la RTBF pendant un jour par semaine. Nous préconisons le mercredi, pour protéger les plus jeunes.
  • Concernant le placement de produits, nous demandons son arrêt pur et simple dès le 1er janvier 2018.
  • Ces évolutions ne doivent en aucun cas affaiblir le service public. Il faut donc dans un premier temps lister et analyser de façon indépendante et scientifique diverses alternatives qui permettront à la RTBF de mener économiquement à bien ses missions. Bien évidemment, il s’agit de transformer les grilles des programmes en profondeur. Il ne sera plus jamais question d’adapter la programmation et ses horaires en fonction des intérêts publicitaires. Au contraire, elles devront répondre aux besoins les plus fondamentaux des populations wallonnes et bruxelloises à définir par nos élus.
  • Nous disposons d’un dossier complet permettant de fixer les grandes lignes d’un financement alternatif à la publicité.

Actualisation de mai 2017 : retrouvez ici les détails des réflexions et propositions concernant la publicité à la RTBF.

2 : Des émissions culturelles et socio-économiques à des heures attractives

Le constat : Petit à petit, les émissions éducatives ont été remplacées par du divertissement. Le calcul est simple. En 2002, vers 20h20, la Une proposait deux soirées axées sur le divertissement et cinq soirées de type social, politique ou économique au sens large. Désormais, c’est l’inverse qui est la règle: cinq début de soirées par semaine programmant du divertissement (films, séries, humour, etc.) ainsi que les deux soirées consacrées à « Questions à la Une » et au « Jardin Extraordinaire ». Ce bouleversement n’est pas la volonté du public mais de la direction de la RTBF.

Les propositions :

  • Consacrer un budget pour (re) créer des émissions culturelles, sociales, politiques et à caractère environnemental. Avoir une attention particulière à leur accessibilité et attractivité pour une large gamme de publics (ne pas faire des émissions pour les gens qui connaissent déjà)
  • Proposer ces émissions au prime time de la chaîne amirale (La Une en télé) des programmes réguliers (au moins mensuels) offrant une première sensibilisation à un très vaste public
  • Parallèlement, des émissions placées à des heures et/ou sur des chaînes de moins forte audience qui permettent à un public déjà intéressé d’approfondir et d’actualiser régulièrement ses connaissances.
  • Il convient aussi que chaque mission dispose de moyens équivalents pour la production et la promotion de programmes qui leur sont consacrés (par exemple : autant de publicités dans les journaux ou sur les abribus pour une émission consacrée à l’éducation permanente que pour du divertissement style “The Voice”).

3 : Une RTBF gérée par des citoyens, pas que des politiques :

Le constat : Actuellement, tous les sièges du conseil d’administration sont occupés par des personnes choisies en fonction de leur appartenance politique (on en est au stade où le seul représentant d’ECOLO a le droit d’assister mais pas de voter!).

 

Les propositions :

  • Nous plaidons pour faire évoluer le conseil d’administration de la RTBF, afin qu’il soit plus représentatif. Nous demandons un partage équitable des sièges entre membres politiques et citoyens. Pour éviter que ceux-ci soient proches de partis, ils pourraient être tirés au sort parmi la population. Comme dans le cas des jurys populaires, ils recevraient une formation préalable (de type pluraliste et contradictoire).
  • De plus, nous demandons également à ce que les discussions internes du CA soient rendues publiques. Le public doit retrouver le droit de découvrir les prises de position des divers administrateurs via la publication de leurs « cartes blanches » à paraître par exemple dans la presse écrite.Cette pratique n’existe plus désormais et permettait autrefois aux usagers de découvrir avant décision d’éventuelles orientations critiquables de la RTBF.

4 : Évaluer la qualité du contrat de gestion et l’appréciation de son application

Le constat : Depuis 2004, la direction de la RTBF demande plus de libertés dans le contrat de gestion, davantage de flous. Par exemple, l’adverbe “notamment” apparaît 14 fois sur 6 pages seulement. Or, éditer un Contrat de Gestion vidé de son essence n’a plus aucun sens.

 

Les propositions :

  • Nous souhaitons revenir à un contrat de gestion clair, qui définisse objectifs et obligations de la RTBF le plus précisément possible.
  • Nous demandons également la publication du “qualimat” dans son entièreté, sondage auprès de la population afin de déterminer les avis généraux sur les programmes de la RTBF. Or, pour l’instant, ces études réalisées régulièrement par la RTBF ne sont accessibles dans leur intégralité, ni à la population, ni aux parlementaires.
  • Nous demandons que l’organigramme détaillé de la RTBF soit rendu public. Ainsi, il sera plus aisé d’orienter les programmes et de favoriser les synergies entre services.

5 : Externaliser la médiation et ses émissions

Le constat : S’il existe un programme qui doit fédérer les auditeurs et les téléspectateurs, c’est bien celui consacré à la médiation. Or, ce dispositif n’est plus du tout mis à l’honneur (comme a pu l’être naguère l’émission “Qu’en dites-vous ?” présentée chaque semaine par Jean-Jacques Jespers). C’est l’un des meilleurs moyens pour la RTBF d’assurer sa différence par rapport aux chaînes privées. La médiation, ce n’est pas un simple débat. Le but de celle-ci consiste à partir de plaintes d’usagers, voir si elles sont justifiées, et si oui, arriver à un changement concret des « pratiques » de la RTBF.

Les propositions :

  • Service de médiation : Il convient donc de revenir au principe de base (sans fioritures pour l’amoindrir) selon lequel toute plainte écrite adressée à la RTBF doit recevoir dans les 30 jours une réponse écrite et circonstanciée (détaillée, donc pas un simple accusé de réception).
  • Service de médiation : Nous plaidons pour que le service de médiation à la RTBF soit désormais assurée par un service externe à celle-ci. Le Médiateur de la Fédération Wallonie-Bruxelles pourrait coordonner la médiation de la RTBF : le traitement des plaintes (avec la collaboration obligée de la RTBF)
  • Emissions de médiation : La RTBF serait chargée, en collaboration avec le médiateur externe, de réaliser des émissions consacrées à la médiation, diffusées au prime-time (+ rediffusions) sur chacune des chaînes (radio comme télévision) du service public.

 

Si vous désirez une version imprimable de ces 5 propositions… c’est ici.

ParPatrick Jonniaux

RTBF, nous voilà !

RTBF, nous voilà !

« La RTBF nous appartient » est un groupe composé principalement de jeunes qui, au sein du mouvement citoyen Tout Autre Chose, se préoccupe de l’évolution du paysage audiovisuel en Fédération Wallonie Bruxelles.

Pour nous, les médias et particulièrement ceux du service public, ont une importance primordiale dans la vie démocratique. Or, tout n’est pas rose dans la manière dont évolue la RTBF : elle programme de moins en moins d’émissions sociales, culturelles, ou sur des problèmes de société dans des créneaux accessibles au plus vaste public. Et les remplace par des émissions de divertissements. Les perdants ? Ceux qui veulent d’un média public qui soit un outil d’éducation. Les gagnants ? Les publicitaires qui voient leurs recettes grimper.

Contrat de gestion

Le meilleur moment où les usagers de la RTBF peuvent influer sur l’évolution de celle-ci est la préparation du contrat de gestion (qui a une durée de cinq ans). Pour le moment, ni la RTBF, ni le gouvernement de la Fédération Wallonie Bruxelles n’ont pris l’initiative d’informer massivement le public de cette possibilité d’interpeller et de réfléchir à des évolutions qui pourraient améliorer notre audiovisuel public.

Pourtant, cela se faisait à l’époque. Le 2 mai 2001, la RTBF proposa, dès 21H30 sur La Deux, plus de deux heures de direct pour analyser les options de son futur contrat de gestion 2002-2007 avec une quinzaine d’intervenants dont des représentants du monde culturel, de La Ligue des Familles et de l’A.T.A (l’Association des Téléspectateurs Actifs). L’émission s’intitulait « la RTBF, c’est vous » et Jean-Jacques Jespers, son présentateur, en énonçait ainsi les règles du jeu: « Ce forum vous est complètement consacré, téléspectateurs de la Communauté française ». Cet événement fut couplé avec un sondage réalisé auprès du public publié dans la presse écrite. Pour le prochain contrat de gestion 2018-2022, le temps est venu de retrouver pareilles bonnes habitudes démocratiques et ce rappel historique prouve qu’il n’y a là rien d’extravagant, ni d’utopique.

5 propositions - regroupées au sein dune pétition… A signer ici…

Après consultations, notamment de divers experts, et suite à plusieurs rounds de discussion, « La RTBF nous appartient » et Tout Autre Chose s’apprêtent à publier cinq propositions majeures pour améliorer le service public. Chaque mois, une de ces propositions sera explorée en profondeur. Les réflexions seront soumises au public et au monde associatif, via des débats à Bruxelles et en Wallonie ainsi qu’un vaste échange sur les réseaux sociaux. Petit à petit, nous complèterons ces propositions pour arriver à un manifeste final pour la fin des grandes vacances. L’objectif est que les porteurs de ce manifeste puissent être auditionnés par les parlementaires et susciter un large débat public sur la question des médias publics dès septembre.

Nos « cinq propositions » sont disponibles ici… N’hésitez pas à nous envoyer vos propositions, pour compléter notre manifeste.

 

Image diffusée avec l’autorisation d’Esdé.

ParPatrick Jonniaux

Première réunion Analyse

Voici notre proposition d’ordre du jour pour la réunion du vendredi 16 décembre 2016.

Comme vous le constaterez, l’objectif est vraiment de sortir de là avec « des choses à faire ».
Je sais qu’il est un peu tard, mais pourriez-vous réagir sur celui-ci avant 10h-11h demain ?
Comme ça nous pourrons envoyer l’invitation à la réunion aux alentours de midi.

Pour rappel, nous avons trouvé un local pour nous accueillir (exceptionnellement) de 19h à 21h, celui-ci se trouve au 48 quai du commerce à 1000 Bruxelles.

Bonne lecture et à très vite,

Sarah et Mathieu

ParPatrick Jonniaux

Synthèse de la première rencontre

7 décembre 2016 - Université Populaire - Bruxelles

1) Discussion autour du projet

Rappel : Différence entre Acrimed Belgique et Tout Autre Information ; ce sont deux choses distinctes.

Werner : Oui, deux choses, critique des médias et média alternatif (information pertinente). Il expose son site Tout Autre Information. Site unique ou sites différents ?

En effet, les médias alternatifs existent déjà. Et certains critiquent déjà en partie certaines informations (exemples cités par Jean-Claude Garot).

Jean-Claude : Il faut se poser la question de savoir ce qu’on fait des critiques ? Appui aux médias alternatifs, servir le combat de la reprise en main des médias subsidiés ? En gros :

  • Analyse critique des médias
  • Donner à être utilisé par des médias alternatifs
  • Agir pour réorienter les médias subsidiés

Manuel : Proposition : lister et minuter les séquences du journal télévisé (un par semaine par exemple). Et puis, pourquoi pas, aller au parlement avec ces constats. Mettre des pressions (contrats de gestion) : plaintes systématiques au CDJ. Observation, analyse scientifique (éléments précis), liste noire des médias et mettre des pressions.

Benjamin : pour l’observatoire, car déjà des médias qui font un travail de fond. Quels médias vise-t-on ? Aussi les blogs ? Média repris par le CSA ? Il propose d’organiser des commissions thématiques (économie, culture, …).

? : Pas forcément des thématiques politique, mais avec une vision des privilèges.

Axel : avoir un outil pour mettre les pressions. On veut agir mais on n’a rien, aucune analyse de fond. Il faut commencer par analyser les médias. Et ensuite, mettre la pression. Il propose de ne pas se concentrer sur la RTBF non plus.

Anthony : former les jeunes à décrypter les médias, comme en imposant un cours en secondaire. Le CSA fournit des baromètres et beaucoup de chiffres, outil à utiliser.

Cindy est d’accord avec Benjamin, de créer des groupes thématiques.

Olivier : quels groupes ?

Anthony : en suivant les balises de TAC par exemple.

Patrick : chacun ses spécialités, donc pourquoi ne pas faire des groupes en fonction de ça. Pourquoi ne pas s’orienter vers des thèmes comme le CETA aussi. Et contacter les organismes compétentes (CDJ, CSA, …), pas que la société civile.

JC : Ils ont démarré un GT sur le TTIP et le CETA. C’est un travail énorme. Il faut être moins ambitieux et de choisir un thème porteur politiquement.

Sarah : Quelle forme ? Pas forcément « intellectualisante ». Blog de Samuel Gontier : « Ma vie au post ». Il retranscrit simplement ce qu’il voit à la télé, et c’est déjà très riche et très intéressant.

Vincent : le groupe facebook « Les Répliques », c’est aussi une façon de critiquer les médias. Et c’est simple ; plus simple que les articles d’Acrimed par exemple qui sont parfois longs et/ou compliqués. Information simple et aller à l’essentiel ?

Bernard : éducation aux médias et CSA, ce sont des alliés ou pas ? Comment fonctionnent-ils ? D’abord travailler dans la critique. Il propose deux groupes : un qui comprend pourquoi il n’y a pas d’associations d’usagers des médias subsidiés et un autre « contrat de gestion RTBF ».

Benjamin : si un sujet est mal traité et n’est pas dans un thème, c’est dommage et on va quand même le traiter. Donc pourquoi restreindre les thèmes ?

Manuel : Quel thème ? Pas fan d’un sujet particulier. Essayer d’avoir une vision globale des médias à critiquer. Question de la mixité.

Robin : ML d’observation comme Acrimed ?

Charlie : parler des initiatives, pas forcément négatif. Créer un média citoyen, poser des questions aux gens et y répondre avec eux. Un média participatif citoyen. Intéresser les gens, pour et par les gens, et pourquoi l’information est importante dans notre société.

Vincent : créer un média alternatif. Ce n’est pas le sujet mais il faudrait creuser la question pour savoir si c’est intéressant de mettre ce projet en place.

JC : présente son projet de coopérative « POUR ».

Olivier tente une synthèse :

  • Décortiquer les médias pour en faire un usage politique (ou média alternatif)
  • Avoir un rôle de plaidoyer politique (contrat de gestion RTBF)

Division cette plénière en différents sous-groupes. Quelles thématiques vous intéressent ?

D’autres personnes ne veulent pas se concentrer sur des thématiques mais qui dit quoi, en tant que quoi, ce qui est caché, … Une critique généraliste de l’information. Un groupe transversal.

Anthony : Acrimed doit décortiquer l’information médiatique, pas d’intérêt à se focaliser sur un sujet spécifique. Les médias alternatifs pourraient être relayés sur notre site.

Manuel : pas forcément pour faire un média alternatif. Penser à long terme, penser aux futurs journalistes par exemple. Regarder les programmes en journalisme.

Axel : Faire petit à petit. Pas forcément fixer les groupes maintenant. Il faut mûrir un peu avant de se lancer. Et penser à qui on donne la parole.

Martin : Pas média alternatif. Observatoire, oui mais plus tard, travail de vigilance. Le deuxième groupe peut être mis en place très rapidement car c’est un cas urgent (RTBF, associations de spectateurs, …).

Peut-on imposer un temps de parole à certains acteurs dans le contrat de gestion de la RTBF ? Réponse de Bernard Hennebert : tout peut être fixé J

Manuel : faire réagir directement les médias en pointant du doigt les défaillances.

 

2) Décisions

 

Olivier propose :

  • Un groupe RTBF
  • Un groupe d’analyse minutieuse

Des responsables ?

Faire une réunion pour la méthodologie d’analyse et pour fixer l’analyse de chaque JT de la RTBF pendant un mois. Resp

onsables : Géographie de l’ULB (dont Sarah).

Propositions de deux outils de communication : ML (communications rares) et groupe facebook (tout ce qu’on veut partager). Patrick ouvre une ML pour vendredi, Olivier un groupe facebook.

Bernard propose une réunion sur l’historique des revendications gagnées pour le contrat de gestion de la RTBF.

Vincent : Il est plus tenté par la critique des médias.

Anthony : définir les groupes à travers la ML ?

Prochaine réunion spécifique analyse du JT de la RTBF : Vendredi 16 décembre 2017 (salle Granite)

ParPatrick Jonniaux

Lancement d’un Acrimed Belgique

L’équipe de Zin TV soutient la création d’un Acrimed belge au sein de Tout Autre Chose

Cher amis,

Zin TV salue et soutient l’initiative de créer un Acrimed belge ! Enfin un observatoire critique des médias chez nous. Qu’il soit clair : il ne s’agit pas d’un rejet primaire du journalisme de notre part mais plutôt de récupérer l’honneur perdu d’un certain journalisme malveillant.

Nous savons reconnaître le journalisme citoyen. Chez ZIN TV nous nous sommes constitués un panthéon de références communes qui éclairent notre pratique journalistique, par exemple : Rodolfo Walsh, journaliste argentin assassiné par les militaires en 1977, c’est lui qui disait : « Le journalisme est libre ou bien, c’est une farce ! » Norbert Zongo, journaliste burkinabé assassiné en 1998 alors qu’il enquêtait sur un crime du dictateur Campaoré. Muntadhar al Zaidi, le journaliste qui jeta ses deux chaussures en direction du président George W. Bush lors d’une conférence de presse à Bagdad en décembre 2008, le français Edouard Perrin, qui a été inculpé pour avoir révélé le scandale LuxLeaks, Glenn Greenwald, le journaliste américain qui publia les révélations d’Edward Snowden sur les programmes de surveillance de masse et notre liste n’est pas finie.

Des journalistes courageux sont en voie de disparition et dans nos ateliers de formation nous essayons d’inculquer aux participants la passion du métier. Nous sommes donc ravis que Tout Autre Chose démarre ce projet d’association de critique des médias. Nous mettons à disposition bien-sûr notre plateforme de communication pour relayer toute publication émanant de cette nouvelle initiative.

Acrimed en France contribue de façon significative à rétablir la vérité et à démasquer les dérives des médias traditionnels afin de faire prendre conscience d’un système de manipulation qui nous vend des guerres, des politiques et des produits. Cette démarche est vitale et nous outille face au traitement de l’information. En Belgique, une telle démarche a jusqu’à présent été menée de manière trop dispersée tant par des médias citoyens, médias partisans que par des individus sous forme de cartes blanches ou commentaires en bas des articles. Si cette critique existe aussi chez nous, elle est souvent de qualité mais elle reste néanmoins marginale, minoritaire et presque invisible. Il en va de même avec l’information citoyenne des médias libres émergents.

Il y a eu quelques tentatives de fédérer des médias sans tutelle mais qui jusqu’à présent n’ont pas abouti à une vraie collaboration structurelle et cela, pour mille raisons. Avec la Coordination des Médias Libres que nous avons lancée fin novembre 2015, nous nous sommes confrontés à l’énorme potentiel et à un travail d’articulation qui demande une énergie, du temps et des moyens à la hauteur des attentes qui pour l’instant nous ont manqués. Les multiples réunions ont permis des échanges d’expériences, de se rencontrer, de distinguer les méthodes propres à chacun et même quelques collaborations. Une dynamique fructueuse s’est constituée autour d’une articulation entre Radio Panik, la revue Kairos, Sans Papiers TV, le collectif Krasnyi et ZIN TV, qui s’est dernièrement exprimée lors de notre réponse commune à l’ancien secrétaire général du Conseil de déontologie journalistique, qui affirme sans nuance que « le journalisme citoyen n’existe pas ».

Tout cela a permis de mettre en évidence une idée noble : l’importance de créer des médias dont les propriétaires sont les mouvements sociaux. Ce travail de coordination ne nous a pas encore permis de cartographier cet espace médiatique citoyen qui est riche et diversifié… Nous cherchons à mettre en place un colloque qui le permettrait. Pour y arriver, nous explorons les bonnes pistes. Il est intéressant de noter que face au langage mono-forme des médias dominants, notre réponse se situe déjà par notre diversité, notre hétérogénéité, notre mélange… le nom de ZIN TV n’est pas innocent !

En ce qui concerne notre démarche journalistique, la permanence vidéo des luttes sociales s’est construite sur un rapport de confiance avec les mouvements sociaux, et qui fait notre force aujourd’hui. Ce travail informatif a comme but de stimuler les luttes, il sert d’outil porté par les associations et il contribue à alimenter la mémoire collective et dans le meilleur des cas, d’explorer de nouvelles esthétiques. Ce travail d’élaboration citoyenne de l’information est stratégique : il propose un journalisme d’un nouveau type que nous voulons continuer à développer avec plus d’enquêtes, plus de débats et plus de reportages sociaux. En regardant notre monde à travers ce prisme citoyen nous nous confrontons aux méthodes des médias dominants et leur critique est donc devenu une évidence.

Analyser de manière critique la presse dominante tel que le propose Acrimed est donc une démarche tactique : cette démarche est volontairement binaire, et pour exister, dépend des aberrations publiées par la presse traditionnelle. Et vu la quantité, on serait condamné à y consacrer toute notre vie. Désencrasser les « infos-poubelles » déversées sur la vérité semble un combat perdu d’avance. Mais c’est une belle bataille à laquelle nous sommes prêts à contribuer car elle est hygiéniquement nécessaire.

Combiner cette démarche tactique et stratégique est l’essence même de notre proposition pour un autre type de journalisme. Elle se veut inclusive, participative et fédératrice y compris en dehors de nos frontières avec d’autres médias libres. Tout citoyen est potentiellement un bon journaliste… à condition d’être doté d’une méthode, d’une vision critique, d’imagination et pourquoi pas d’humour.

Nous avons besoin d’un système d’information à la fois défensif et offensif qui nous permette de construire une information citoyenne. Les formations que nous donnons chez ZIN TV visent justement à perfectionner et à professionnaliser les citoyens-journalistes. Nous pensons également que la variété des individus formés et des médias consolidés pourront un jour travailler organiquement sur des objectifs communs, et mener à la création d’une sorte d’Agence de Presse Citoyenne. La Permanence Vidéo des Luttes Sociales en est pour l’instant l’antichambre…

Concrètement, il y a des leçons à tirer de l’expérience française d’Acrimed et pour cela nous devons mieux la connaître. ZIN TV propose dès lors d’inviter son fondateur, Henri Maler et Pierre Carles en janvier, février ou mars 2017, des initiatives qui pourraient être menées en collaboration avec Tout Autre Chose si elle le souhaite. Suite à ces rencontres, nous pourrons légitimement nous poser la question d’une articulation possible avec Acrimed France.

On est bien conscient que le démarrage d’un Acrimed belge signifie un processus, et que les questions fondamentales apparaîtront en chemin. Mais vous pouvez compter sur ZIN TV car votre démarche va dans le même sens que la notre et nous sommes les alliés d’un même combat.

Avec nos salutations fraternelles.

Bien à vous

Ronnie Ramirez & Maxime Kouvaras

Pour Zin TV