Steenrock 2018, suite sans fin…

ParPatrick Jonniaux

Steenrock 2018, suite sans fin…

Quelques jours avant le traditionnel festival « Steenrock », Tout Autre Chose diffusait sur les réseaux sociaux et par mail une vidéo, une fiction expliquant que les bâtiments de la RTBF et VRT, bientôt vides vu leur futur (réel) déménagement, allaient sans doute se transformer en centre fermé pour familles de migrants. Les premières minutes semblent avoir été crédibles pour de nombreuses personnes scandalisées. Une vidéo choc pour dénoncer la dérive de la triste réalité d’aujourd’hui : toujours plus d’enfermement, toujours moins de droits, même si cela n’aura pas lieu dans les bâtiments des télévisions du service public. Cette vidéo, vue plusieurs dizaines de milliers de fois, a aussi été diffusée dans des écoles, des théâtres (avant des spectacles) dans un but de sensibilisation. Sommes-nous choqués parce que cela aurait lieu à Bruxelles ou choqués tout court ? Que visons-nous ? La fin des centres fermés !

https://www.toutautrechose.be/evenement/bye-bye-reyers

Le samedi 5 mai, déjà tôt le matin, des membres de Tout Autre Chose et Hart Boven Hard s’attellent à gonfler des ballons blancs, rouges et noirs. Au bout, une carte « Don’t let humanity fly away ! Hold it tight ! », une idée d’un autre groupe de citoyens engagés pour les migrants. Ces ballons seront distribués sur le chemin jusqu’au Steenrock pour discuter avec les passants et leur demander… de ne pas lâcher cette humanité qu’on leur donne entre les mains. Plusieurs dizaines de personnes se rassemblent pour écouter le discours d’une personne sans-papier. Les vélos partent en premier, ensuite les marcheurs, une dizaine de kilomètres les attendent. Oui les centres fermés sont assez cachés mais tout près de nous.

Sous un soleil puissant, la colonne de vélos suit notre guide Olivier mais… est arrêtée dès l’arrivée dans la commune de Zaventem par… un combi de police ! En effet, alors qu’une négociation avait été faite pour le trajet avec la police bruxelloise, celle de Zaventem semble ne pas avoir reçu la bonne information de cette dernière et nous oblige à suivre un autre chemin, encadrés par des motards et un autre combi qui ne manquera pas de rouler sur les pistes cyclables.

[foogallery id="14592"]

 

Certains s’arrêteront au point de rendez-vous à la gare de Nossegem, d’autres continueront jusqu’au village de Steenokkerzeel où des membres de Hart Boven Hard Vilvoorde nous ont préparé une rencontre avec un réfugié syrien (qui parlait très bien néerlandais !).

Du côté des marcheurs, l’ambiance est au rendez-vous ! Les quelques deux heures nécessaires pour rejoindre le festival seront l’occasion de chouettes discussions avec les passants. On y parle Steenrock et cause des migrants. On échange aussi sur notre humanité commune, qu’il faut veiller à préserver.

Arrivés dans le champ en face du centre 127bis, des stands nous accueillent, de l’information, de la sensibilisation. Sur scène, la musique commence ainsi que des discours. Des militants, de témoins mais aussi ceux (dont des parlementaires) qui ont pu visiter les centres (dont la nouvelle aile bientôt finie prévue pour les familles). Une parlementaire assumera de dire que les conditions de détention sont mauvaises, qu’il faut les améliorer mais que les centres sont nécessaires. Le public hue… Comment est-ce possible ? On tape sur les grilles, on écoute un témoignage par téléphone diffusé dans les enceintes d’une personne à l’intérieur du centre. Petit à petit, chacun repart, en silence… Les ballons et l’humanité sont entre les mains d’encore plus de personnes que l’on espère plus conscientes de ces droits bafoués.

À propos de l’auteur

Patrick Jonniaux administrator