La SNCB : deux classes de voyageurs

ParPatrick Jonniaux

La SNCB : deux classes de voyageurs

Olivier Malay est l’invité de l’émission POUR ou CONTRE sur RTL TVI ce lundi 19 décembre 2016.

« Première classe » dans tous les wagons !

Nous nous positionnons en faveur de la suppression de la première classe dans les trains. C’est un vestige du passé (avant il y avait même trois classes) où les plus nantis et les privilégiés peuvent voyager au calme, alors que l’essentiel des citoyens doivent se déplacer dans des wagons bondés. Chaque navetteur de la SNCB doit pouvoir jouir d’un service public de qualité quel que soit ses moyens. Plutôt que de réunir les travailleurs en classe, en fonction de leur revenu, pourquoi pas ne pas les réunir sur base de ce qu’ils veulent faire dans le train ? Ainsi, chaque train pourrait par exemple, comporter un wagon « silencieux » où les citoyens qui souhaitent lire, faire un somme ou travailler pourraient le faire dans le silence(1). De la même manière, on pourrait envisager un autre wagon où il y aurait de la musique. Reste à voir laquelle pour que ça contente tout le monde. D’autres idées pourraient être envisagées.

Malgré les trains bondés et en retard, et la difficulté de l’exercice, nous devons continuer à imaginer une SNCB forte, accessible et de qualité. Nous devons également exiger les moyens pour sa réalisation. Là est le vrai problème. Les gouvernements successifs (dont l’actuel) pressent les travailleurs de la SNCB comme des citrons et ont retiré 3 milliards d’euros en à peine plus de cinq ans dans la SNCB. Du coup, moins de trains, moins de wagons, moins de place (et le tout pour plus cher et avec plus de retards). C’est là la racine du problème : sans moyens supplémentaires et sans respect pour les travailleurs, pas d’amélioration du service.

L’enjeu principal, ce n’est pas la suppression de la première classe, même si un fonctionnement meilleur pourrait en émerger, mais bien de refinancer la SNCB. Chaque année, le gouvernement subsidie les voitures de société à hauteur de 4,1 milliards d’euros par an, selon le Copenhaguen Institue of Economics. Selon les estimations, il suffirait d’allouer moins d’un cinquième de ce montant pour résoudre les problèmes de place, de retard, de manque de trains… Il suffirait d’un autre cinquième de ce montant pour les rendre carrément gratuits.

A l’heure où une transition écologique est nécessaire, ce sont des investissements pour l’avenir. Supprimer la première classe, oui, mais ce serait juste un pansement sur une plaie.

A quand un traitement de choc pour guérir le malade ?

Que l’ensemble du train ait une qualité « première classe » !

 

(1) Ruhebereich - Für Fahrgäste mit Wunsch nach Ruhe und Entspannung haben wir unsere Ruhezonen optimiert. Sie befinden sich entweder in Abteilen, den ICE Lounges (Abteile hinter dem Fahrzeugführer) oder in kompletten Wagen. In diesem Bereich sind Handytelefonate, Klingeltöne, lautes Musikhören (auch via Kopfhörer) oder sonstige lärmende Tätigkeiten nicht erwünscht.

Zone de calme - Pour les passagers avec un désir de paix et de détente, nous avons optimisé nos aires de repos. Vous êtes soit dans un de ces compartiments, les salons de l’ICE (compartiments derrière le conducteur) ou dans une des ces voitures. Dans ce cas, les appels mobiles, les sonneries, la musique forte ne sont pas autorisés (également via un casque) ni d’autres activités bruyantes.

Deutschebahn : https://www.bahn.de/p/view/service/zug/handy_u_ruhebereiche.shtml

Une expérience similaire aux Pays-Bas : http://transports.blog.lemonde.fr/2012/07/03/allo-je-suis-dans-le-train/

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Patrick Jonniaux administrator