À travers des saynètes, des défis, des conférences-débats ou encore un brainstorming, dans les Hautes Ecoles et sur différents campus, Tout Autre Enseignement Supérieur a interpellé les citoyens sur des questions telles que la composition des programmes de cours en économie, la formation à l’interculturalité ou encore le zéro déchet sur les campus. Soit une diversité d’activités avec un fil conducteur commun : un questionnement critique par rapport à l’enseignement supérieur.
L’IESSID (catégorie sociale de la Haute Ecole Bruxelles-Brabant HE2B) accueille dans une classe de première année assistants sociaux l’association « Lire et Ecrire » pour se questionner ensemble sur la place et l’écoute donnée aux personnes analphabètes. Jeux, histoires, chiffres, débats et sans doute intervention d’étudiant.e.s avec des saynètes en « théâtre-objet », tout ceci pour prendre du recul sur la réalité très méconnue pourtant fréquemment vécue (parfois honteusement) par des usager.ère.s de services sociaux.
Lieu : ULB, Campus du Solbosch (avenue Franklin Roosevelt 50, 1050 BRUXELLES)
Rethinking Economics Belgium est un mouvement d’économistes (étudiant.e.s, chercheur.se.s, professionnel.le.s), ouvert à la participation d’autres citoyen.ne.s, qui vise à promouvoir d’autres approches en économie et ce, tant dans l’enseignement, que dans la recherche et dans le débat public.
Après une présentation en plénière, cette deuxième AG vous invite à contribuer, en petits groupes, à l’analyse critique des cursus en économie et des pratiques économiques, à mettre au jour les biais idéologiques dans l’enseignement de l’économie à l’université, ou encore à définir la stratégie politique du mouvement.
Doc BV (Biologie végétale), Gembloux Agro-Bio Tech. (Avenue Maréchal Juin 2, 5030 GEMBLOUX)
Atelier participatif « Économie écologique : quelles seraient les initiatives pour ré-enchanter notre société ? », avec Rethinking Economics
Lieu : Parvis de la BUMP (rue Grandgagnage 19, 5000 NAMUR)
Vous aimez les défis ? Vous n’aimez pas les déchets ? Rejoignez-nous avec vos sacs, vos boîtes ou… à mains nues : chacun.e son style, tou.te.s uni.e.s pour le Zéro Déchet !
En pratique, rendez-vous à la BUMP à partir de midi avec sandwich/pâtes/soupe/… achetés en mode Zéro Déchet ou avec votre pique-nique fait maison, pour savourer ensemble un repas en Transition !
On vous propose :
- du vin chaud et du jus de pomme Zéro Déchet
- des posters d’information et d’expression
- un coin Facebook
- des livres thématiques à consulter
- et des idées originales de contenants réutilisables à tester.
Venez relever le défi ou simplement partager vos trucs et astuces Zéro Déchet !
Centre Social Universitaire (rue Bruno 7, 5000 NAMUR)
Rethinking economics est un réseau d’économistes qui veut changer l’enseignement et la pensée économique. Il regrette entre autres le manque de diversité théorique et méthodologique dans le cursus et la recherche en économie. Un représentant du réseau présentera les projets en cours et dialoguera avec Sophie Béreau, professeure de gestion à l’UNamur, à propos de la nécessité d’étendre aux sciences de gestion le même type de questionnement. Sophie Béreau présentera l’état de sa réflexion et des débats actuels au sein des sciences de gestion à l’UNamur.
Le mercredi 12 octobre 2016, Tout Autre École organisait un évènement consacré à l’enseignement supérieur. L’objectif ? Échanger ses idées autour de la question : « Comment renforcer la place des initiatives porteuses d’une tout autre société dans l’enseignement supérieur ? ». Une quarantaine de personnes ont répondu présent. Voir le reportage de Canal C.
Télécharger la synthèse des ateliers.
Cinq ateliers thématiques ont été proposés. En voici un bref compte rendu.
Plus que les étudiants, ce sont des professeurs qui ont majoritairement participé à cet atelier. Rethinking Economics Belgium y a présenté le paysage belge en matière de cursus en économie et s’est appuyé sur une étude qualitative réalisée auprès d’étudiants du bachelier en sciences économiques pour formuler une critique des programmes de cours actuels. Ceux-ci souffrent d’un manque d’interdisciplinarité et de la domination du courant néoclassique. S’en est suivi un débat sur le rôle de l’enseignement de l’économie aujourd’hui et des propositions d’amélioration : créer une plus grande interaction avec l’auditoire, réserver une place suffisante aux questionnements des étudiants, partir de problématiques actuelles, apprendre la vulgarisation, mettre en place un système de parrainage entre étudiants de bac et de master, laisser le choix de suivre des cours interactifs et en auditoire, ou encore valoriser la créativité dans la recherche.
Le groupe, composé principalement de doctorants, de membres de kots-à-projets et du monde associatif, s’est attaché à définir le concept de transition et à formuler des propositions concrètes pour accélérer la transition sur le campus. Le groupe a notamment émis la préoccupation de sortir du cercle des convaincus. Il entend créer une synergie entre universités et Hautes Écoles, et entre étudiants et professeurs. Parmi la multitude d’actions concrètes proposées, citons l’installation de fontaines à eau et distributeurs de produits locaux/bio/vegan/équitables, la mise en place d’un système de troc, l’intégration d’activités de sensibilisation dans le cursus, l’utilisation d’une monnaie locale, l’organisation d’une foire aux alternatives et aux savoir-faire, ou encore la création d’un point de ralliement pour les paniers locaux sur les campus.
Voir le compte-rendu 1 et le compte-rendu 2
Le groupe (étudiants, professeurs, chercheurs et milieu associatif) a donné des exemples de choc culturel et/ou social que les étudiants sont susceptibles de rencontrer en tant que citoyens et futurs professionnels. Certaines réalités socio-culturelles, parmi lesquelles l’analphabétisme chez les Belges et les personnes d’origine étrangère ou les croyances propres à différentes cultures, sont mal connues d’une grande partie des étudiants. Cette méconnaissance donne lieu à des échecs relationnels et professionnels. Plusieurs pistes d’action sont possibles : améliorer la formation à l’interculturalité via des cours théoriques et pratiques et la création ou l’utilisation d’outils pédagogiques ; sensibiliser les professeurs à l’importance de la formation à l’interculturalité au sens large ; créer un tronc commun jusqu’à 22 ans qui rassemble un public hétérogène ; casser le paradigme de la hiérarchisation des savoirs ; organiser des rencontres (sport, théâtre…) entre personnes issues de différents milieux socio-culturels et (futurs) professionnels, ainsi que des cours et projets communs entre Hautes Ecoles et universités. Le groupe identifie un double combat : mieux former à la mixité tout en renforçant la mixité sociale et culturelle dans les auditoires.
Voir le compte-rendu
Le groupe (étudiants, professeurs et chercheurs) a dénoncé un sous-financement chronique de l’enseignement supérieur, en lien avec l’absence d’un levier fiscal en Fédération Wallonie-Bruxelles. Il déplore le manque de corrélation entre le peu de moyens alloués et la hausse des besoins. Plutôt qu’un financement basé sur le concept d’utilisateur-payeur, le groupe défend une vision de gratuité, c’est à dire un enseignement essentiellement financé par la collectivité. Vu l’afflux important d’étudiants en Belgique issus d’autres pays de l’UE – mais qui n’est pas accompagné d’un transfert de moyens entre pays -, il a ouvert le débat sur la possibilité d’un système de financement par mutuelle étudiante en Belgique. Ce système serait caractérisé par la hausse du minerval pour tous et la création d’une bourse étudiante proportionnelle à la hausse pour les étudiants belges, et/ou la création d’un fonds de solidarité des États européens.
En réponse à des situations problématiques telles que les horaires chargés et le stress qui les accompagne, l’absence ou le manque d’espaces de détente et d’échanges interpersonnels, l’individualisme, le manque de temps pour « déguster » le savoir et développer l’esprit critique, le groupe a proposé plusieurs pistes d’actions : prévoir des temps de pause et des activités de développement personnel dans les horaires, créer des lieux de repos et de rencontres, proposer une évaluation continue plutôt qu’un blocus générateur de stress, intégrer plus de pratique dans le cursus ou encore passer au modèle de la classe inversée.
Quand la classe devient atelier(s)
Cela déjà fait plus de 25 ans que les Aumôniers du travail de Boussu ont organisé leurs classes du premier degré différencié en ateliers. Mais c’est seulement à la rentrée de septembre 2017 qu’ils ont étendu cette pratique à l’ensemble du 1er degré.
La classe atelier(s) – avec un « s » à ateliers – se différencie d’une classe « normale » sur quatre points essentiels.
Sur le plan spatial, tout d’abord : la classe est un très grand espace subdivisé en ateliers : y sont agencés notamment une bibliothèque, un coin vidéo, un coin l'informatique, un espace jeux de société, un atelier pour les cours d'éducation par la technologie, un espace autour d’un tableau interactif, une cuisine équipée et des coins classes plus classiques.
Dans ce grand espace cohabitent l’équivalent de plusieurs classes classiques… et plusieurs professeurs. C’est ainsi qu’en 2016-2017, une équipe de 12 enseignants s’occupait d’un groupe de 45 élèves. Ces enseignants doivent dès lors se coordonner et être plus souvent en classe, de manière à assurer la présence permanente d’environ cinq enseignants pour 45 élèves.
Les élèves travaillent par modules. Tous les quinze jours, ils reçoivent un plan de travail personnalisé en fonction des évaluations antérieures. Ils doivent l’accomplir dans la quinzaine. Mais chaque matin, c’est à eux de décider ce qu’ils vont faire et auprès de quels enseignants ils vont aller, en fonction de la matière ou des affinités. Ainsi choisissent-ils leurs modules en tentant de concilier leur programme et leurs envies, et en n’étant pas astreints à rester nécessairement 50’ sur une matière. « Mais attention, souligne Oliver Vercauteren, professeur de mathématiques, dans La Libre, nous suivons nos jeunes de manière très précise ». A la fin de la quinzaine, « ils évaluent leur propre travail, avant que l'enseignant évalue à son tour leur avancement et le fait qu'ils aient progressé dans toutes les matières. Au début, c'est souvent la cata et ils se rendent compte qu'ils se sont mal organisés. Mais ils prennent vite le pli et finissent par gagner en maturité."
La pédagogie par projet est une autre composante de la classe atelier(s). C’est ainsi qu’un groupe d’élèves de la classe atelier(s) a participé en 2017 au Crazy machine challenge dont l'objectif était de créer la machine la plus extraordinaire possible utilisant une réaction en chaîne et animant en bout de course le Manneken Pis (voir le clip d’annonce très enlevé, et l’article de La Libre ci-dessous).
Cerise sur le gâteau, des conseils d’élèves se tiennent chaque semaine.
Cette pédagogie était au départ destinée aux élèves qui n’avaient pas obtenu leur CEB en fin d’école primaire : des élèves qu’il fallait remobiliser, à qui il fallait rendre confiance, qui devaient gagner en autonomie et tout simplement retrouver l’envie d’apprendre. En ouvrant récemment cette approche aux élèves ayant réussi l’enseignement primaire, l’école fait le pari que de telles pratiques ont aussi du sens pour les publics d’élèves plus conformes aux normes scolaires. Voilà qui est réellement innovant : cesser de considérer que la forme traditionnelle d’apprentissage reste la norme et ne mérite d’être remise en question que pour les élèves qui ne s’y adaptent vraiment pas, échouent ou décrochent.
Cette initiative fait écho au Manifeste : « Une tout autre école mise sur la soif d’apprendre et les questions vives et vivifiantes des enfants et des jeunes. Elle laisse bien plus de place qu’aujourd’hui aux questions que se posent les élèves plutôt qu’à celles que les enseignant-e-s veulent leur poser (ou leur voir se poser). (…) L’autorité de l’enseignant-e doit alors être surtout utilisée pour maintenir ou stimuler chez l’élève la volonté de pousser loin sa compréhension du phénomène qui l’intéresse, l’inviter à ne pas s’arrêter trop vite en chemin, le pousser dans ses retranchements comme les tout jeunes enfants nous poussent, nous adultes, dans nos retranchements lorsqu’ils enchaînent les pourquoi ».
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