Ce jeudi 13 juillet, une proposition de loi visant à renforcer les procédures pour expulser et sanctionner pénalement tout occupant d’un bâtiment vide (donc un lieu qui n’est pas occupé, habité par le propriétaire), communément appelé le « squat », fera finalement l’objet d’une seconde lecture en commission de la Justice de la Chambre. Elle continue cependant son parcours parlementaire afin d’être adopté en séance plénière après les vacances d’été. De nombreuses associations pour le droit au logement et la lutte contre la pauvreté, ainsi que des collectifs d’occupants, francophones et néerlandophones, ont tiré la sonnette d’alarme.
Cette nouvelle loi sera très contraignante pour les plus précarisés dans un contexte de crise du logement mais aussi, de manière plus générale, pour toute action collective permettant des espaces de vie communautaires et solidaires dans des lieux inoccupés, sans parler des actions syndicales très méprisées par notre gouvernement. Après l’interdiction de la mendicité à Namur, les arroseurs de plantes anti-sdf à Bruxelles, voici l’évacuation des derniers lieux de survie de certains… Tout cela suite à un événement à Gand, sur-médiatisé en Flandre, transformé et politiquement réapproprié. Un débat dans lequel nous devons prendre position, agir et se faire entendre ! Le droit à la propriété passera désormais au dessus du droit au logement (protection du domicile) et à occuper un espace.
Ci-dessous, un résumé du communiqué de presse co-signé par Tout Autre Chose et Hart Boven Hard (à la demande la régionale bruxelloise travaillant sur la problématique du logement). Plus d’informations également sur www.rbdh-bbrow.be/spip.php?article1822 et www.rbdh-bbrow.be/spip.php?article1814
Sébastien Gratoir (TAC-HBH Bxl, TAC-HBH Forest-Vorst, Tout autre enseignement supérieur)
La nouvelle loi portée par la majorité prévoit l’incrimination pénale de tout occupant d’un bien vide qui ne donnerait pas suite à l’ordonnance par le Procureur du Roi de quitter les lieux dans les huit jours, du moins si le propriétaire a porté plainte. L’incrimination pénale prendra la forme d’une amende et/ou d’une peine de prison.
Premièrement, celle-ci nous semble inutile. En effet, il existe déjà des possibilités pour les propriétaires de faire appel à la justice afin de récupérer leur bien. L’Union royale des Juges de paix, entendue en commission, s’interroge également sur l’intérêt de cette criminalisation et de l’applicabilité de la procédure pénale. De plus, la proposition de loi ne garantit pas de délais plus courts que les procédures déjà existantes !
Deuxièmement, nous nous opposons à cette proposition de loi qui criminalisera les plus fragiles, et ce dans un contexte d’inégalités croissantes : l’accès au logement est toujours plus difficile (cherté des loyers privés et manque cruel de logements sociaux) et les services d’accueil et d’hébergement sont saturés.
La présente initiative fait écho à quelques événements médiatisés survenus à Gand où les occupants ont été victimes d’un prétendu bailleur et d’une sous-location illicite, le propriétaire invoquant (à tort ou non) que le logement était occupé. Situation condamnable, mais tellement éloignée de la toute grande majorité des occupations qui se déroulent dans des bâtiments vides, inoccupés parfois de très longue date…
Basé sur ces faits isolés, le texte prévoit un traitement indistinct de situations pourtant très différentes. Ainsi, la mesure touchera :
Enfin, les parlementaires semblent ignorer les effets bénéfiques générés par les projets d’occupation, et qui peuvent être profitables à tous : projets socio-culturels ouverts sur le quartier (table d’hôtes, d’ateliers de réparation, de cours de langue, de sport, de cuisine), entretien d’un bâtiment en bon père de famille, qui, laissé vacant, se dégraderait rapidement et risquerait de se transformer en chancre urbain…
S’il va de soi que nous condamnons l’occupation de logements habités, nous déplorons l’énergie accordée à la poursuite pénale des personnes en situation précaire qui ne cherchent qu’à trouver refuge dans des espaces inoccupés.
Communiqué signé par BAPN (Réseau Belge de Lutte contre la Pauvreté - Belgisch Netwerk Armoedebestrijding), VHP (Vlaams Huurdersplatform), RBDH (Rassemblement Bruxellois pour le Droit à l’Habitat), Brussels Platform Armoede, FéBUL (Fédération Bruxelloise de l’Union pour le Logement), ASBL Woningen 123 Logements, RWDH (Rassemblement Wallon pour le Droit à l’Habitat), Tout Autre Chose/Hart boven Hard, RBDL (Réseau Brabançon pour le Droit au Logement), Front des SDF, CRI (Collectif de Réappropriation Intégrale), DAK (Domus Art Kunst), Samenlevingsopbouw, vzw Chez Nous/Bij Ons, La Maison à Bruxelles, ASBL La Brique, Netwerk tegen Armoede, ASBL Communa.
Il est interdit d’interdire la mendicité en Belgique. Du coup, les communes adoptent des règlements créatifs. Depuis la loi du 12 janvier 1993, la mendicité et le vagabondage ne sont plus des délits en Belgique.
A Namur, comme dans toutes les villes et communes, le conseil communal est un lieu public. Pour y prendre la parole, en tant que citoyen non élu il faut demander l’autorisation. Cela s’appelle une interpellation et c’est une procédure très encadrée et, au final, très respectueuse de la démocratie.
Pour assister au conseil communal, l’agenda des séances est fixé longtemps à l’avance, le citoyen ne peut être pris au dépourvu. Il a la possibilité d’y assister.
Pour savoir ce dont le conseil communal va parler, comme dans beaucoup de réunions, l’ordre du jour est publié. A Namur, sur le site de la Ville, un lien clair et simple permet d’y accéder et de le consulter dans un délai de 7 jours avant le conseil. Ce qui est un délai raisonnable.
Certains points sont parfois peu intéressants pour un large public mais concernent la vie d’un quartier, d’une association… ils ont bien leur place en cette assemblée. Les procès-verbaux sont disponibles sur le site de la Ville.
Je connaissais l’expression « lire entre les lignes »… Je découvre le besoin de lire « entre les signes ».
Le conseil communal du 29 juin 2017 cachait en son sein un point très particulier, dont la presse a fait faible échos… l’interdiction de mendicité dans certaines rues du centre-ville.
Il est clair qu’énoncé tel quel, ce point aurait soulevé foules et colères… grondements et protestations.
En bonne bourgeoise, la Ville préfère le cacher (comme ses pauvres) sous l’intitulé : 3. Règlement relatif aux pôles urbains.
Les mendiants, pauvres, SDF, sont à Namur dans le « Pôle urbain ».
Enfin, ils sont surtout déplacés hors des rues du centre et de certains quartiers de commerce.
Bel exemple pour une ville qui collabore le 17 octobre à la journée internationale de lutte contre la pauvreté.
Cacher la pauvreté reviendrait donc à lutter contre la pauvreté ?
Je n’ai pas encore le détail des votes… On peut se douter un peu de qui a voté pour ou contre… que d’aucuns se seront abstenus… et nous ne sommes sans doute pas à l’abri de surprises. Je reviendrai vers vous avec ces informations…
Nos représentants ont, comme tout citoyen, le droit à des congés en cette période estivale… On peut sans doute s’interroger sur le fait que tous les citoyens ne sont toutefois pas égaux face à cette notion de « congés ». Mais surtout, nous sommes en droit de nous étonner que cette décision, finalement en contradiction avec des textes légaux, passe avant l’été, et les congés du Conseil d’Etat. Interdisant de la sorte tout recours avant l’été…
Si la décision est cassée en septembre ce n’est pas grave… Namur aura connu « un bel été ».
L’ « Agora-resort », plus de deux cents chambres et appartements avec services hôteliers trois et quatre étoiles. Son chantier? Une centaine d’emplois… sous-traités, sous-sous-traités et sous-payés. Quel est le prix du confort des « déjà riches »? Quel sera l’exutoire des « toujours pauvres »?
Quand auront été vendu à plus de 700 000 euros les appartements de moins de 80m² où des seniors pourront profiter de services hôteliers et d’un accès facile à toutes les commodités du centre-ville piétonnier, quand les hommes d’affaire pourront se loger aisément dans le luxe à Louvain-la-Neuve et quand les académiques pourront côtoyer le « gratin » de ce monde dans des séminaires quatre étoile, on se souviendra très peu de la grève des ouvriers roumains sous-payés ou de l’arrestation des deux travailleurs illégaux en ce mois de juin 2017.
Et pourtant, qu’est-ce qu’ils sont utiles ces travailleurs, pour se façonner un monde de bisounours où on croit qu’on ne doit qu’à son propre mérite le luxe de construire, sur une dalle au-dessus d’une vallée, un univers merveilleux aseptisé de toute misère sociale apparente. Le seul mérite, peut-être, est de savoir faire de l’argent sur le dos des autres en les privant au passage de toute reconnaissance sociale et de leur dignité d’être humain.
À Louvain-la-Neuve, en ce mois de juin 2017, le chantier de l’Agora-resort a vu se succéder une grève d’ouvriers roumains sous-payés pour sous-sous-traiter un travail dans un faux statut d’indépendant, ainsi que l’arrestation de deux travailleurs en situation illégale. Mais la faute à qui, après tout? Ce n’est quand même pas la faute des promoteurs, ni des acquéreurs des appartements, ni de l’UCL, ni des habitants de LLN, si des Brésiliens tentent de réaliser leur « rêve européen », s’il existe du dumping social, si le sous-traitant « sous-traite » ses employés… Dans un tel contexte, c’est le travailleur immigré qui paye et qui, arrivé en Belgique pour tenter de fuir les bas échelons de l’échelle des inégalités, y est renvoyé manu militari, menottes au point. Sa condition sociale lui est bien rappelée et les riches promoteurs et acquéreurs des biens hôteliers peuvent continuer à vivre confortablement dans l’illusion de leur mérite lavé de toute apparence du labeur des autres. L’inertie des inégalités croissantes fait son œuvre: les précaires s’enfoncent dans la pauvreté tandis que les aisés en accroissent leur confort. Pourtant, tous ceux qui profitent et qui cautionnent sont responsables: s’ils n’ont pas une responsabilité légale directe, leur responsabilité est morale.
À Tout autre chose, nous contribuons tous les jours à la construction d’une société solidaire, juste, égalitaire, émancipatrice, plurielle… Même quand nous n’avons pas la main sur le cours des événements, nous dénonçons. Parce que le premier pas pour changer les dysfonctionnements de notre monde, est de cesser de croire qu’on ne peut pas dénoncer, qu’on ne peut pas déranger. Ci-dessous, donc, nous relayons le témoignage d’une habitante ayant assisté à l’arrestation des deux travailleurs brésiliens. Coup de gueule de sa part, et de la nôtre !
A vélo, je vais vers le centre de Louvain la neuve. J'arrive devant la statue du petit moine martyr, après avoir longé le chantier du prolongement de la dalle entre l'Aula Magna et l’église St-François. Et là, au pied de l'église, j'aperçois un attroupement, une voiture de flic banalisée, et surtout un flic en train de menotter dans le dos les mains d'un homme. Il a les mains toutes blanches, du plâtre apparemment. Bizarre. Je regarde mieux, il a un casque à la ceinture. Un casque de travailleur. Plein d'hommes sont là, à côté, avec leur casque, dans l'enceinte du chantier, encerclés par quelques policiers. Alors là, je m'arrête et regarde : Un homme est déjà poussé dans la voiture, l'homme blanchi de plâtre y est poussé aussi, menotté, "c'est un criminel, n'est ce pas", me dit un autre quand je pose la question du pourquoi, et la voiture démarre en trombe, gyrophare bleu virevoltant derrière son pare brise. Je n'en reviens pas. Tous ces hommes en tenue de travail sont à l'arrêt; je pose une question, "documents" me répond-t-on. Ca va j'ai compris. Très peu d'entre eux parlent français, donc silence... J'ai juste un véritable haut le coeur. Je passe mon chemin, fais ma course au centre de la ville et reviens vite, car cela me taraude. Les hommes, les ouvriers du chantier sont toujours là, je les entends parler, dieu sait quelle langue. Les flics ferment toujours l'entrée du chantier au pied des cabines de la direction. J'essaie d'écouter, de comprendre un peu. Je suis ulcérée. Ces hommes qui travaillent dans ce chantier de béton par n'importe quel temps, à dieu sait quelles conditions, pour construire des bâtiments qui ne rapporteront qu'aux riches indignes, aux promoteurs et investisseurs insouciants des droits humains, ces hommes venus d'ailleurs, qui font ce que nous, en Belgique ne pouvons pas faire car cela coûte trop cher... Et rapporterait trop peu aux investisseurs... Eux le font, et se font arrêter, menotter, jeter. C'en est trop. Je crie : " Pourquoi les arrêtez-vous? C'est dégoûtant, inhumain, odieux !" Un policier me répond : "Je suis tout à fait d'accord avec vous, madame; je suis très mal à l'aise de faire cela. Je n'ai pas le choix." PAS LE CHOIX ? Dans la foule d'hommes à l'arrêt, une voix s'élève, quelqu'un parlant français : "t'en fais pas madame, ceux dans les bureaux, là, ceux-là ils auront pas de problèmes!" et il montre les cabines là-haut perchées au-dessus du petit moine martyr, au pied de l'église St-François. "Ceux dans les bureaux,là, ceux qui commandent, c'est eux qu'ils faut menotter, jeter !!" je leur dis. J'ai juste les larmes qui coulent, et honte, honte, honte. Même ici, notre petite ville, avec son idéal d'humanisme... accepte l'esclavagisme, non ? Je n'ai plus la force de pédaler. Ni de regarder cette dalle qui crève des êtres humains.
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Olivier Malay, chercheur en sciences économiques à la Chaire Hoover d’éthique économique et sociale (UCL), membre du mouvement citoyen Tout Autre Chose, qui soutient la ‘Plateforme citoyenne’.
La consultation populaire qui a eu lieu le 11 juin à Ottignies-Louvain-la-Neuve a largement dépassé les frontières de la cité universitaire. Plus qu’un simple vote pour ou contre l’extension du centre commercial l’Esplanade, elle nourrit une réflexion sur la politique communale et régionale. Quatre leçons au moins peuvent être tirées de cette expérience.
« On a trop peu l’occasion de donner son avis », affirmait d’emblée un citoyen interviewé par la RTBF au sortir des urnes. S’il y a bien une chose qui rassemble les citoyens s’étant mobilisés pour voter, c’est la possibilité de faire entendre leur voix plus souvent que seulement lors des élections, et particulièrement sur ce dossier. En témoigne le taux de participation de 26%, un taux inattendu et honorable pour une consultation organisée dans des conditions difficiles, et qui est légèrement supérieur à celui de la consultation sur le centre commercial à Namur en 2015 (24%). En témoigne également un élément du Panel citoyen organisé par l’Assemblée Générale des Étudiants de Louvain (AGL), une expérience où près de 100 usagers de la ville ont été tirés au sort pour débattre du sujet. Beaucoup de participant sont jugé le « manque de consultations préalables et de transparence » comme l’un des points les plus problématiques du projet d’extension.
« Alors que le promoteur et certains dans la majorité déclarent le projet enterré, mais en avancent un second assez semblable, ne pas suivre la population sera probablement sanctionné lors du prochain scrutin ».
Le succès de la consultation est donc un succès de la démocratie participative et montre la préoccupation des habitants quant à l’avenir de leur ville. D’une part, la situation ouvre la voie à une multiplication d’initiatives démocratiques novatrices, car la population est demandeuse. D’autre part, même si le résultat de la consultation n’est pas contraignant pour les autorités politiques, elles ne pourront aller à son encontre sans en payer le prix. Tant le bourgmestre Jean-Luc Roland (Ecolo) que le ministre de l’Aménagement du territoire Carlo Di Antonio (CDH) auront à se positionner sur l’octroi d’un permis d’urbanisme, nécessaire à une extension. Au moment où le promoteur immobilier et certains élus de la majorité déclarent le projet d’extension enterré, mais préparent la voie à un second assez semblable, ne pas suivre l’avis de la population sera probablement sanctionné lourdement lors des prochaines élections, ce dont se réjouit déjà le MR actuellement dans l’opposition.
La population s’est prononcée à près de 80% « contre ». Mais s’agit-il vraiment de l’avis de la population, où juste des 26% de votants ? Certains avancent que les gens qui sont restés chez eux approuvent l’extension de l’Esplanade en silence. Les non-votants ont-ils des avis différents de ceux qui ont voté ? Pour tenter de le savoir, on peut comparer les résultats de la consultation à des expériences menées précédemment. Lors du Panel citoyen, les 100 personnes tirées au sort ont débattu pendant une journée des arguments « pour » et « contre », pour finalement se positionner à 76% en défaveur de l’extension. Ensuite, un sondage aléatoire, appelé « porteurs de parole », a été mené sur 200 personnes et a abouti à un résultat de 75% de « contre » l’extension (marge d’erreur de 7%). Les résultats de ces différentes prises de pouls de la population convergent à chaque fois vers un rejet du projet d’agrandissement. Ce triple « non » à l’extension suggère que parmi les habitants restés chez eux, une majorité reste « contre » l’extension.
Si la population a rejeté massivement le projet d’extension, il n’en va pas de même de la part de ses élus communaux. En 2014, la majorité communale (Ecolo-PS-CDH) a octroyé un permis socio-économique pour l’extension de l’Esplanade, sans ouvrir un quelconque débat quant à l’opportunité du projet. Les partis ont eu la prudence de ne pas donner leur avis sur le fond du dossier à l’approche de la consultation. Néanmoins, les différentes prises de parole des derniers mois montrent que la volonté des conseillers communaux, opposition (MR) comprise, s’approche en fait davantage d’un « oui mais » que du « non » émis par la population, même s’il y a une diversité d’opinions au sein de chaque parti. Si la population a voté à 80% « contre » l’extension et à 20% « pour », la tendance au conseil communal était nettement moins tranchée.
Le résultat invite donc les élus communaux à reconsidérer sérieusement leur copie. Parmi les acteurs du dossier, c’est la Plateforme citoyenne qui renforce sa légitimité. Ce regroupement de 23 associations locales a non seulement récolté 3500 signatures pour demander la consultation, mais a aussi vu son point de vue largement dominer dans les votes. Cette Plateforme apparait donc en représentant légitime de la voix des habitants sur le dossier – position renforcée par le fait que plus de 2000 électeurs ont suivi sa consigne de boycott des 20 questions supplémentaires voulues par la ville. Ces questions, initialement critiquées comme ambiguës et redondantes avec l’enquête publique, sont d’ailleurs difficilement exploitables sans biais, vu un faible taux de répondants.
L’on ne peut s’empêcher d’observer certains parallèles avec des questionnements plus globaux déjà à l’œuvre dans la société.
Il ressort d’abord que le décalage se creuse entre la population et ses représentants. En 2017, seuls 12% des Belges affirment avoir encore confiance dans le Parlement (enquête Noir Jaune Blues). La tendance actuelle des représentants élus à outrepasser le débat public et à confier à des acteurs privés les décisions importantes renforce ce sentiment. Ce constat posé, il est légitime de se questionner : qui devrait décider de la manière d’organiser la vie économique et d’occuper l’espace urbain ? Les citoyens, du côté de la logique démocratique ; ou les intérêts privés, selon une logique de profitabilité ? C’était le cœur du conflit entre les pro- et les anti-extension de l’Esplanade. Dans ce cas précis, les habitants n’ont pas voulu que la majorité du centre-ville soit dédiée à une extension taillée pour attirer un public fortuné venu d’ailleurs, seul à même de générer des marges de profit suffisantes pour ce genre d’installations.
« Faut-il confier les décisions clés aux citoyens/travailleurs et à leurs représentants, ou considérer que les acteurs du marché le feront plus adéquatement ? »
Dans d’autres cas ou à une autre échelle, lorsque des voix s’élèvent pour stopper le CETA ou la privatisation des services publics (Belfius, la Poste, les forêts wallonnes…), pour créer des coopératives sociales et écologiques, ou pour renationaliser des secteurs clés (l’énergie), c’est le même débat : faut-il confier les décisions clés aux citoyens/travailleurs et à leurs représentants, ou considérer que les acteurs du marché le feront plus adéquatement ? Depuis la crise financière de 2008, ce débat ne cesse de prendre de l’ampleur. Il est de toute façon temps, comme le montre cette expérience démocratique, d’impliquer bien davantage les citoyens et de les associer à la formulation de la réponse, sans quoi leurs représentants élus ne regagneront jamais leur confiance.
Cette carte blanche a été publiée dans La Libre du 20 juin 2017
Ce dimanche 11 juin 2017, à Ottignies-Louvain-la-Neuve, 79,3 % des participants à la consultation populaire sur la question de l’agrandissement du centre commercial, se sont prononcés en défaveur de l’extension. Exactement 6958 personnes de 16 ans et plus se sont déplacées pour exprimer leur avis, soit 26% des personnes en âge de voter. « Aujourd’hui, le propriétaire de l’Esplanade envisage d’agrandir sa surface commerciale. Êtes-vous favorable à une extension du centre commercial ? », énonçait la première question du bulletin de vote. Sous cette question, les votants étaient invités à se prononcer, s’ils le voulaient, sur leur accord ou désaccord avec vingt propositions sensées argumenter le choix premier : dix propositions en faveur du projet et dix autres en défaveur. Depuis des mois, les débats se sont multipliés autour de cette consultation et des questions soumises au vote. Voici un bilan des débats qui se sont entremêlés depuis le début du processus.
Sur la forme, d’abord, les débats ont enflammé tous les « camps » en présence. Qui de la majorité Écolo-PS-CDH, de l’opposition MR, ou de la plate-forme citoyenne rassemblant associations locales et citoyens isolés, a pris en premier l’initiative de demander la consultation ? Dans un contexte officieux de pré-campagne électorale pour 2018 où chacun affirme être le premier et meilleur défenseur des intérêts de la population, les attaques entre les groupes ont fusé tout autant que les justifications politiques ou que les considérations juridiques. Y a-t-il des intérêts financiers ou des enjeux pré-électoraux qui biaisent les procédures et les questions ? Entre combats politicards et accès peu évident à l’information juridique, le citoyen essaye de se positionner. Heureusement, au-delà des jeux politiciens habituels (sont-ils inévitables?), chaque position en présence a beaucoup argumenté, des débats formels et informels ont eu lieu, les médias ont relayé en masse et la démocratie, en somme, s’est mise en branle.
Sur le fond ensuite, c’est entre des argumentaires pragmatique et idéologique qu’ont choppé les réflexions. Pragmatiquement, qui peut être contre une construction qui va contribuer à compléter la dalle piétonne de Louvain-la-Neuve, si chère à financer, ou encore, une construction qui accroîtrait le confort de pas mal d’usagers ? En outre, qui voudrait (ou pas), que Louvain-la-Neuve devienne un pôle commercial en Brabant Wallon, transférant ainsi des emplois d’un lieu à l’autre et captant davantage le pouvoir d’achat ? Pragmatiquement aussi, qui voudrait augmenter l’affluence automobile et l’émission de particules fines ? Qui voudrait que la gare soit potentiellement couverte par des galeries commerçantes où les publicités inciteront les navetteurs à consommer ? Et quid de la création ou de la perte d’emploi ? Quid du développement ou du déséquilibre commercial de la ville ? Des pour et des contre, donc, si on ne regarde que les aspects pratiques du projet potentiel.
Du côté idéologique, ce sont les modèles économiques et les choix de société, qui sont questionnés. Peut-on encore, maintenant que sont avérés les limites et dangers environnementaux planétaires ainsi que les conditions de vie quasi-esclavagistes des travailleurs du Sud qui produisent les conditions matérielles de notre économie soi-disant « immatérielle » de production de savoirs, peut-on encore cautionner le développement de centres commerciaux dont les loyers seront tellement chers que seules pourront s’y installer des multinationales généralement peu scrupuleuses du respect de l’environnement et des droits humains ? Et si les loyers seront exorbitants, c’est que le propriétaire de l’Esplanade a pour principal objectif d’augmenter les dividendes de ses actionnaires, comme le laissent comprendre ses rapports annuels, ce qui ne sera possible qu’en rentabilisant ses futurs espaces commerciaux. Est-ce aussi cette inégalité à l’accumulation des richesses que l’on veut promouvoir en acceptant de donner notre argent à des promoteurs immobiliers déjà immensément riches ?
À Louvain-la-Neuve, c’est un autre modèle de société qui est prôné par les opposants à l’extension du centre commercial : oui aux petits commerces locaux et aux emplois de qualité, oui au respect des travailleurs du Sud, stop aux émissions de gaz carboniques provoquées par les transports de marchandise, à la surconsommation et à l’exploitation inconsidérée des ressources naturelles, oui à la construction d’un fonctionnement alternatif ici et maintenant… Sont-ils si idéalistes, finalement, ces opposants qui sont capables d’imaginer et de mettre en place concrètement de nouveaux modèles de fonctionnement économique et démocratique, en tenant compte des réalités matérielles de notre monde ? N’est-il pas plus idéaliste de croire qu’on va pouvoir continuer indéfiniment à fonctionner selon des modèles économiques de plus en plus obsolètes dans un monde où les ressources non renouvelables sont déjà presque épuisées ?
Dans ces débats entremêlés, c’est sur de véritables questionnements économiques et choix de société, que les citoyens d’Ottignies-Louvain-la-Neuve étaient invités à s’exprimer en ce dimanche ensoleillé. Ils se sont montrés concernés en explosant les records de participation pour ce genre de démarche démocratique. Il faut croire que l’espoir d’une société démocratique et émancipée a encore de beaux jours devant lui… Osons croire que ne fait que commencer !
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La Ville de Liège a décidé ce mercredi 24 mai 2017 de signer un nouveau contrat publicitaire par lequel elle s’engage avec la société multinationale JCDecaux jusqu’au 31 décembre 2032.
Cette décision est tombée cinq jours avant l’interpellation citoyenne d’une membre du collectif « Liège sans pub », prévue de longue date et inscrite à l’ordre du jour du Conseil Communal de ce lundi 29 mai.
Le collectif s’interroge sur l’empressement du Collège, qui annonce sa décision en avance de trois mois sur le calendrier prévisionnel adopté par le Conseil communal du 24 octobre 2016.
« Liège sans pub » a développé ses arguments contre le renouvellement du contrat publicitaire dans un manifeste qui a déjà recueilli plus de 4.000 signatures en ligne sur liegesanspub.be, et un millier supplémentaire via des formulaires mis à disposition dans les commerces et lieux associatifs qui soutiennent l’initiative. Fort de cette mobilisation, le collectif espérait ouvrir un débat au Conseil communal sur la place de la publicité dans l’espace public.
Le collectif interprète l’annonce précipitée de cette décision du collège comme une volonté de couper court à la mobilisation et de mettre en sourdine les arguments du collectif citoyen et des 5.000 signataires.
Par ailleurs, dans le communiqué publié sur le site de Monsieur le Bourgmestre, les précisions données sur le nouveau contrat vantent une réduction de l’empreinte environnementale, une diminution du nombre de faces de publicité, et une augmentation des recettes pour la Ville. Ces arguments ne convainquent pas et occultent difficilement le choix de société qui vient d’être posé par le Collège communal et qui affectera la vie des liégeois-e-s pour les 15 années à venir.
La démarche environnementale proposée pour les abris de bus peut être saluée. Toutefois, elle n’empêchera pas que, même recyclé, ce mobilier continuera à servir de support à des messages qui poussent à la surconsommation, au gaspillage et à la destruction de matières premières. Le reconditionnement et la remise en couleur de ces aubettes ne rendront pas moins dérangeante la publicité qui y sera apposée.
La réduction du nombre de face publicitaire est présentée comme la concrétisation d’une proposition formulée dans le cadre de « Réinventons Liège » et comme une réponse à une demande de citoyen-ne-s et de plusieurs collectifs. Ceci laisse penser que le Collège serait entré dans un dialogue avec les citoyens concernant la diminution de la publicité en ville. Or, la proposition en question, prévoyant une réduction marginale du nombre de faces publicitaires traditionnelles sans mentionner l’ajout de 20 écrans vidéos LED, a été introduite sur la plateforme « Réinventions Liège » par la Ville elle-même, et correspond exactement aux quantités prévues dans l’appel d’offre. Il ne s’agit donc pas d’un effort consenti suite à dialogue avec les citoyen-ne-s. La diminution ne rencontre pas non plus la demande portée par Liège sans pub.
Par ailleurs, l’arrivée de 20 nouveaux écrans vidéo LED - que le communiqué du Bourgmestre ne mentionne pas non plus – entre en contradiction avec les objectifs de diminution des espaces publicitaires annoncés par la Ville. Loin de diminuer la pression publicitaire, ces panneaux permettent (pour un coût énergétique important) de décupler les affichages avec un pouvoir de captation de l’attention beaucoup plus important.
Il faut également rappeler que la diminution annoncée des faces publicitaires s’accompagne d’une diminution proportionnellement plus importante du nombre de faces dédiées à l’affichage d’intérêt communal et aux plans de ville (respectivement de 150 à 130 et de 80 à 50).
Bien que la compensation financière proposée par JCDecaux soit importante, cette attribution acte une augmentation et un prolongement de la dépendance de la Ville de Liège au financement publicitaire. Cette dépendance est regrettable car elle s’étale de nouveau sur 15 ans, elle exercera une contrainte sur les futures majorités communales et elle se justifie difficilement sans une prise en compte sérieuse et étayée de l’ensemble des coûts financiers, sociaux, sanitaires, environnementaux directs ou indirects ainsi que du manque à gagner pour les commerces locaux ou le tourisme.
Cette source financement ne répond pas non plus à un impératif d’équité fiscale. Le Collège ne fait pas participer le secteur de la publicité, il vend l’attention de ses citoyen-ne-s liégeois-e-s (ce que les annonceurs appellent les occasions de voir -ODV- pour quantifier leurs offres) à des annonceurs privés ; car ce sont bien les liégeois-e-s qui sont mis à contribution 24h sur 24, 7 jours sur 7, 365jours par an par la présence de publicité dans l’espace public. Autrement dit, c’est parce que la publicité constitue une pollution visuelle pour ses citoyens que la Ville en tire une compensation financière et matérielle.
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Parce qu’il refuse le fatalisme qui s’accommode de la pollution visuelle de multinationales privées pour financer les services publics, le collectif Liège sans pub continuera à porter ses revendications pour un espace public libéré de la publicité et à alimenter le débat pour voir émerger des alternatives.
Notre tronçon est long d’un kilomètre… On compte qu’il faut ±600 personnes… Mobilisons-nous en masse.
Rependre le concept « Porteurs de Paroles » sur la chaîne.
Faire chaine solidaire et commune avec HbH qui est invité et prévu sur le tronçon suivant… Ce serait pas mal de faire un tronçon commun de 2 km plutôt que de montrer nos divisions (?) sur 2x 1 km…
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Des examens par ultrason réalisés entre 2012 et 2014 ont mis à jour des milliers de fissures « dites micro fissures » sur les cuves de ces réacteurs (d’une longueur allant jusqu’à 17,9 cm !). La cuve est un élément fondamental de la sûreté nucléaire. Rappelons que la cuve et l’enceinte de confinement des réacteurs sont les deux éléments qui ne peuvent physiquement pas être remplacés. Malgré toutes ces informations inquiétantes, les deux réacteurs ont été redémarrés fin 2015. Le directeur de l’Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire, Jan Bens, a même souligné dans une lettre au CEO d’Electrabel (La Libre 16/11/16), “les inquiétudes soulevées par les valeurs alarmantes des probabilités de fusion de cœur » (soit un risque d’accident de type Fukushima ou Tchernobyl). Que le gouvernement belge laisse ces réacteurs en activité est incompréhensible et inacceptable !
Les sept réacteurs belges ont plus de 30 ans et même 40 ans pour trois d’entre eux : la ligne rouge est franchie !
Les matériaux et les équipements d’une centrale s’usent au cours du temps. Le taux de pannes augmente de façon significative à partir de 25 ans d’âge. Les 20 cm d’acier des parois de la cuve du réacteur accusent l’impact de toutes ces années de contraintes thermiques et de bombardement nucléaire (neutrons) : la cuve est fragilisée et la probabilité de rupture augmente. Conséquence possible : un réacteur hors de contrôle conduisant à la fusion du cœur et à un accident de type Fukushima. Et, malgré les fréquents arrêts d’urgence des réacteurs et l’arrêt simultané de longue durée de trois réacteurs représentant la moitié de la puissance des réacteurs belges (T2, D3 et D4), il n’y a pas eu de pénurie d’électricité en Belgique. Le spectre du « black-out » était-il un enfumage pour pouvoir faire accepter le redémarrage ou la prolongation des centrales vieillissantes (malgré la loi qui prévoyait une sortie du nucléaire en 2015) ?
De plus il n’existe qu’un plan non adapté de protection de la population (confinement et/ou évacuation) en cas de catastrophe ! Toute la Belgique serait touchée mais aussi les pays voisins. Le coût serait porté sur les citoyens car les centrales sont très insuffisamment assurées. La vie et la santé de milliers de personnes sont en danger ainsi que le foyer de millions d’autres.
C’est dans ce contexte que Stop-Tihange a lancé l’idée d’une chaîne humaine de 90 km entre Tihange (Belgique) à Aix-la-Chapelle (Allemagne), en passant par Liège (Belgique) et Maastricht (Pays-Bas). Le dimanche 25 juin 2017 de 14h à 15h, le message porté par les milliers maillons de cette chaîne sera celui de l’arrêt immédiat des réacteurs les plus dangereux de Tihange 2 et Doel 3, associé à la mise en place d’un programme d’investissements accélérés dans les énergies renouvelables, les économies d’énergie et un plan cohérent de reconversion du personnel.
Les participants à cette « réaction en chaîne » seront originaires des trois pays qui protesteront main dans la main pour ce but commun. Avec cette Chaîne humaine regroupant un grand nombre de citoyens, il s’agira de donner un signal visible et fort pour supprimer la menace qui pèse sur des millions de personnes en Europe. Il est plus que temps d’agir ! Ce n’est qu’ensemble que cette Chaîne humaine deviendra réalité. Inscrivez-vous seul ou en groupe sans plus attendre ! Parlez-en à vos amis à vos voisins. On compte sur vous car chaque mètre compte !
www.chain-reaction-tihange.eu/fr/participe/
www.facebook.com/StopTihange/?fref=ts
www.facebook.com/events/677660085773063/
www.findunucleaire.be/
www.stop-tihange.org
www.reaction-en-chaine-tihange.eu
www.lalibre.be
Fin du Nucléaire - IBAN : BE55 0689 3115 3244 – communication Chaîne Humaine